Introduction
Le cancer demeure un défi majeur de santé publique au Cameroun, où le taux de mortalité dépasse 65 % des cas diagnostiqués. Fléau silencieux, il frappe sans distinction, avec en tête le cancer du sein, suivi par les cancers du col de l’utérus et de la prostate. Pourtant, la prise en charge reste entravée par divers obstacles entre diagnostic tardif, infrastructures médicales spécialisées insuffisantes, coûts exorbitants des traitements et accompagnement psychologique adéquat pour les patients et leurs familles. Cet article décrypte le parcours difficile des patients, depuis la première alerte jusqu’à la survie, et met en lumière l’urgence d’une politique de santé plus adaptée.
Le poids grandissant du cancer au Cameroun
Selon les données du GLOBOCAN 2022, près de 19 564 nouveaux cas ont été diagnostiqués sur le territoire, avec 12 798 décès liés au cancer pour une population de 31 millions d’habitants. Des chiffres qui représentent approximativement 2 % de ceux de l’ensemble de la zone sub-saharienne, ce qui est assez alarmant. Parmi les cancers les plus fréquents, celui du sein arrive en tête, suivi du cancer du col de l’utérus et du cancer de la prostate, également les principales causes de mortalité liées au cancer dans le pays. Mais pourquoi une telle explosion des cas ? Facteurs génétiques, environnementaux, habitudes de vie… Autant d’éléments qui jouent un rôle déterminant. Il s’agit donc d’une urgence sanitaire à laquelle il devient impératif de répondre.
Les obstacles au diagnostic précoce
Détecter un cancer à un stade précoce peut faire toute la différence. Pourtant, au Cameroun, environ 90 % des patients sont diagnostiqués à un stade avancé, souvent au stade 4, lorsque les chances de survie s’amenuisent dramatiquement. En cause l’insuffisance criante d’information, car de nombreuses personnes ne savent pas reconnaître les signes avant-coureurs. Les causes comprennent : un faible pouvoir économique, avec environ 67 % des dépenses de santé directement payées par les ménages, le défaut d’équipements adaptés pour l’analyse des prélèvements obtenus lors de quelques campagnes de santé, et les croyances culturelles et sociales, le cancer étant perçu par certaines communautés comme une malédiction ancestrale, une punition spirituelle ou le fruit d’une transgression. Résultats, les patients consultent trop tard, en général quand la maladie a déjà métastasé.
L’impact psychologique et social sur les patients
Recevoir un diagnostic de cancer est une épreuve, tout comme accéder à un traitement de qualité pour les personnes aux revenus modestes. L’idée même de la maladie évoque une sentence implacable, alimentant une détresse émotionnelle sourde. Entre les traitements lourds, la douleur et l’attente des résultats médicaux, l’anxiété et la dépression s’installent, transformant le combat physique en une bataille psychique. Mais au-delà de cette souffrance psychologique, le cancer ruine financièrement. Les soins coûtent une fortune, forçant certains patients à épuiser toutes leurs économies, s’endetter ou solliciter l’aide de proches déjà fragilisés. Et lorsque la maladie empêche de travailler, c’est toute une famille qui chancelle sous le poids de factures médicales accablantes et d’une précarité croissante. Par ailleurs, le soutien psychologique est quasi inexistant. À défaut de pouvoir se faire une place dans l’agenda déjà très chargé de l’un des rares psychiatres/psychologues disponibles ou de contacter des ONG, chaque patient affronte la maladie dans la solitude.
Les efforts pour améliorer la prise en charge du cancer au Cameroun
Face à l’ampleur de la crise, des campagnes de sensibilisation, programmes de dépistage et initiatives visant à améliorer le système de santé sont mis en place. En 1990, le Ministre de la santé publique a créé le Comité national de lutte contre le cancer (CNLCa), avec pour mission de réduire la morbidité et la mortalité liées au cancer tout en limitant son impact socio-économique. Sur le terrain, hôpitaux publics et cliniques privées proposent des dépistages et des traitements du cancer du col de l’utérus dans certaines villes. L’appui d’organisations internationales permet également d’améliorer progressivement les infrastructures de traitement. Toutefois, le chemin reste long, car l’insuffisance de ressources humaines qualifiées demeure importante.
Recommandations pour un avenir meilleur
Face aux défis colossaux que représente la prise en charge du cancer au Cameroun, des actions concrètes et coordonnées sont essentielles pour inverser la tendance. En voici quelques indications : renforcer la sensibilisation et l’éducation, améliorer l’accès au dépistage et aux traitements, multiplier les centres de dépistage et les équipements, moderniser les infrastructures de soins et mettre sur pied un registre national du cancer, soutenir la formation d’oncologues et du personnel spécialisé, avec des incitations pour éviter l’exode des professionnels vers d’autres pays, et intégrer un meilleur accompagnement psychologique et social pour les patients et leurs familles
Conclusion
Le combat contre le cancer au Cameroun est multidimensionnel et ne se limite pas à la prise en charge médicale. Malgré cela, des réformes profondes et des actions ciblées sont indispensables pour en faire une véritable priorité nationale et entraîner l’implication efficiente de tous.
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