L’initiative Building Bridges (Initiative « Bâtir Les Ponts ») est un accord politique en vigueur au Kenya. L’initiative a été approuvée en 2018, en réponse aux agitations publiques suite aux élections présidentielles en 2017. L’accord vise à prévenir un regain de fraude et d’hostilité électorales, mais on l’a critiqué pour le fait qu’il assure le maintien du pouvoir parmi l’élite et loin du public.
De quoi s’agit-il ?
L’initiative « Building Bridges to a New Kenyan Nation » (BBI) est un pacte entre le président kényan, Uhuru Kenyatta, et le chef de file de l’opposition, Raila Odinga. Elle a été approuvée en mars 2018, suite aux élections présidentielles et générales controversées en 2017. La BBI a été approuvée lors d’une réunion symbolique des deux politiciens, appelée ‘The Handshake’ [‘La poignée de main’].
Pourquoi est-ce qu’on l’a lancée ?
En août 2017, une élection générale a eu lieu au Kenya, pendant laquelle le président, Uhuru Kenyatta, a vaincu son opposant, Raila Odinga. Cela signifiait que Kenyatta occuperait le poste de président de 2013 jusqu’au moins 2022. Cependant, la cour suprême a déclaré que le résultat était injuste, ce qui a mené à une élection présidentielle distincte. Kenyatta a gagné encore une fois, cette fois-ci c’était une victoire écrasante, mais beaucoup de gens continuaient à considérer le résultat injuste. S’ensuivent alors des mois de tension dans le pays, et même des violences. Pour éviter des conflits, les deux hommes politiques se sont serré la main et ont proposé la BBI.
Qu’est-ce qu’elle propose, l’initiative ?
Le rapport BBI a été publié pour la première fois en novembre 2019, mais après des plaintes, une seconde version définitive a été publiée en octobre 2020. Son but principal est de prévenir contre la fraude et l’hostilité électorales. L’initiative essaye d’atteindre ce but en transférant le pouvoir au-delà de l’exclusive propriété du gagnant de l’élection. Parmi les propositions, la création d’un rôle de premier ministre, l’élection de plus de membres de parlement, et la provision de plus de fonds aux gouvernements départementaux.
Ponts ou murs ?
Beaucoup de gens ont critiqué la BBI. Ils disent que le problème n’est pas que le pouvoir passe au gagnant de l’élection, mais plutôt que le pouvoir reste dans les mains de l’élite et pas dans celles du public. Les propositions dans le rapport BBI ont aggravé ce problème, en créant plus de positions de pouvoir au sein de l’élite et en introduisant plus d’obstacles pour de nouveaux opposants politiques qui se présentent aux élections. Au lieu de bâtir des ponts entre partis opposants, la BBI construit des murs entre les hommes politiques et le public.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Signe inquiétant : la BBI n’est pas mise aux voix, même si elle propose des changements de la constitution de 2010. Au présent, le public kényan ne peut pas prendre une décision démocratique quant à l’acceptation ou au rejet de la BBI. Toutefois, la reprise de l’élection de 2017 indique qu’en faisant entendre leur voix, ils peuvent revendiquer des droits démocratiques. S’ils agissent maintenant, le public kényan peut s’assurer une chance pour accepter ou rejeter la BBI eux-mêmes.