La militante libérienne Leymah Gbowee a remporté le prix Nobel de la paix en 2011 pour avoir aidé à mettre fin à la guerre civile au Libéria. Cependant, lorsqu’elle a été invitée à faire un discours lors d’un événement de la Gates Foundation en 2017, elle n’en a pas parlé. Au lieu de cela, elle a raconté l’histoire d’une rencontre avec un groupe de pasteurs.
Lors de cette réunion, Gbowee avait demandé à l’un des pasteurs ce que sa femme faisait pendant la journée. Le pasteur avait répondu: «Rien. Elle reste à la maison, dévore mon argent et raconte des ragots.» Gbowee a ensuite demandé au pasteur de faire une liste de toutes les tâches que sa femme accomplissait chaque jour, du chauffage de l’eau à la préparation des repas. Ils ont ensuite déterminé ensemble combien il en coûterait au pasteur de payer quelqu’un d’autre pour faire toutes ces tâches ménagères. C’était plus que ce que le pasteur gagnais.
L’histoire du pasteur se répète dans le monde entier. Dans tous les pays, le travail à la maison comme la cuisine, le ménage et la garde des enfants, permet à certains membres de la famille de travailler en dehors du domicile pour gagner de l’argent.
COMBIEN REPRÉSENTENT LES HEURES DE TRAVAIL NON PAYÉES?
Le problème est que personne ne connaît la réponse à cette question. Une étude indique qu’en moyenne, les femmes effectuent chaque jour 4,5 heures de travail non rémunéré de plus que les hommes. Cependant, de nombreuses enquêtes sur les habitudes de travail ne contiennent encore que des questions sur le travail rémunéré. De nombreuses autres enquêtes ne sont remplies que par une personne du ménage qui, comme le pasteur, ne comprend pas forcément la valeur du travail non rémunéré.
POURQUOI EST-CE IMPORTANT?
Au niveau local, comprendre la valeur du travail non rémunéré à la maison peut aider tout le monde à voir la contribution de chaque membre de la famille. Aux niveaux national et international, comprendre combien d’heures travail non rémunérées sont effectuées, en particulier par les femmes, peut aider les dirigeants à identifier les obstacles qui empêchent les femmes de prendre un travail rémunéré.
Comme un activiste l’a dit: «Nous ne pouvons pas combler le fossé entre les sexes tant que nous n’avons pas comblé le fossé des données». En d’autres termes, nous avons besoin d’informations sur le travail des femmes, y compris à la maison. Nous avons besoin de cette information car, sans elle, il est beaucoup plus difficile de trouver des solutions pour accorder aux femmes les mêmes chances qu’aux hommes.