Introduction

La dépigmentation est un concept qui renvoie au domaine du cosmétique. Elle a un versant volontaire et involontaire. Le premier versant est le blanchiment volontaire de la peau connu dans le jargon Camerounais sous le vocable de ‘décapage’. Quant au deuxième versant, il est acquis indépendamment de la volonté de l’individu et suscite plusieurs questionnements chez ce dernier. En 2020, Cauchie différencie le vitiligo des autres maladies cutanées, parce qu’il n’est ni douloureux, ni contagieux. Il apparaît la plupart du temps sur des zones de friction, et sur les zones visibles qui suscitent les regards de l’entourage, lui-même peu informé sur la maladie. Nous présenterons dans cet article, les mécanismes psychologiques facteurs de souffrance chez les personnes qui en sont atteintes, à travers l’évaluation clinique du vécu d’une femme de 54 ans, qui présente un vitiligo non segmentaire. 

Le jugement que reçoivent les patients atteints de vitiligo

La peau est l’évidence de la présence au monde et le lieu du corps qui se donne à voir au jugement du corps. Elle est un symbole d’appartenance, car elle permet de distinguer ou de relier l’individu des autres selon le teint, ou d’autres particularités. Dans le cas des vitiligos, ils semblent n’appartenir à aucun standard de teinte corporelle, à cause du changement de leur apparence. Ce qui suscite un sentiment de perte identitaire et entraîne une détresse psychologique importante. A cet effet, il en ressort un problème dans la gestion du changement chez les personnes atteintes du vitiligo. 

Présentation du cas

Notre cas est l’un des participants évalué pour la recherche du mémoire de master 2 du Département de Psychologie de l’Université de Douala Cameroun intitulé : « image du corps et qualité de vie chez les personnes atteintes de vitiligo ».  Ce cas sera nommé AF pour le besoin de confidentialité.

Anamnèse

La patiente AF est âgée de 54 ans, mère de quatre enfants, tous déjà financièrement indépendants. Elle vit actuellement son deuxième mariage. Elle est maquilleuse de profession, mais s’intéresse aussi à d’autres activités génératrices de revenus. Elle est la deuxième à en être atteinte dans sa famille, bien qu’il commence un peu tard (49 ans) après un divorce, une maladie et la perte de son emploi. Au départ, elle est allée consulter un dermatologue sans solution satisfaisante, puisqu’elle avait une nouvelle tâche tous les jours. Elle a sombré, avait une dynamique intellectuelle intense, et a fini par déprimer. Sa régularité chez les médecins, les psychiatres et les psychologues l’a amené à comprendre qu’elle doit faire le deuil de son ancienne image (apparence) et d’accepter sa nouvelle présentation sociale.

Résultats  

Le questionnaire de l’image du corps (QIC) est un questionnaire de 19 items qui permet de mesurer la satisfaction corporelle. Le score obtenu par la patiente est de 75, ce qui traduit une satisfaction corporelle élevée. Self – esteem Inventory (SEI) de Cooper Smith est un questionnaire d’auto-évaluation de 58 items, qui permet d’exprimer des sentiments, des opinions ou des réactions. Le score obtenu est de 33, ce qui renvoie à un niveau d’estime de soi bas. Cependant, on note la présence des mécanismes de défense qui ont impacté pendant la passation du test à travers le score de 5 au domaine mensonge. L’échelle de l’anxiété et de la dépression de Goldberg, qui est un test indicatif, évalue la présence ou l’absence de l’anxiété et de la dépression. Il en ressort que la participante manifeste des affects négatifs liés à son apparence.

Discussion

Le changement de la teinte cutanée induite par le vitiligo affecte psychologiquement l’individu, puisqu’il s’agit d’un changement involontaire. L’individu manifeste des attitudes de résistance sur son apparence vis-à-vis du changement en fonction de ses croyances, de ses ressources personnelles et de la considération sociale.  Le modèle cognitivo – comportemental est un modèle qui postule que le comportement est principalement influencé par l’apprentissage qui prend place au sein d’un contexte social. En prenant l’exemple des individus qui se dévalorisent continuellement, Beck pense que c’est un comportement qui les prédispose à avoir des pensées et des symptômes dépressifs. Il conclut que les pensées négatives deviennent automatiques au cours de la maturation et de l’expérience, et elles influencent les réactions émotionnelles sans qu’on en ait conscience. Cependant, ce ne sont pas les normes en soi qui génèrent de la souffrance, mais la façon qu’a la société à les rappeler à travers les regards, qui génère la souffrance chez le vitiligé. La théorie du stade du miroir est explicative de l’importance du signifiant dans le processus d’identification. 

Conclusion

L’image du corps est un concept complexe qui est utilisé dans plusieurs spécialités. En effet, les personnes atteintes de maladies chroniques ont besoin de se réapproprier de leur image corporelle ; ce qui n’est pas toujours aisé puisqu’il fait intervenir plusieurs facteurs présents dans la construction de l’image corporelle. 

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