A mural in Mozambique about the Reeducation process. Photo credit - DW/Johannes Beck

Production opérationnelle et processus de rééducation au Mozambique : Implications et héritages

Introduction

Après l’indépendance du Mozambique en 1975, le gouvernement dirigé par le FRELIMO a adopté une politique marxiste-léniniste visant à construire une nouvelle société socialiste et à éradiquer les comportements associés au colonialisme et au capitalisme. Dans ce contexte, deux initiatives notables ont été mises en œuvre : l’opération Production en 1983 et le processus de rééducation qui a débuté en 1974. Cet article vise à analyser ces deux politiques, en soulignant leurs objectifs, leurs impacts et l’héritage qu’elles ont laissé à la société mozambicaine.

 

Opération Production : Objectifs et conséquences

L’opération Production était une politique répressive mise en œuvre en 1983, pendant la guerre civile, dans le but de « rééduquer » et de réintégrer les personnes marginalisées. Sous le contrôle de la police, ces personnes étaient arrêtées dans les rues des grandes villes comme Maputo et Beira, et transportées à Niassa où elles étaient censées travailler dans les champs et adopter l’idéologie marxiste-léniniste. Les conditions de vie dans les centres de relocalisation étaient extrêmement dangereuses. Les récits des survivants et des activistes indiquent que beaucoup ont été abandonnés dans des zones reculées, sans infrastructure de base, sans nourriture et sans chaleur, et que certains ont subi des attaques d’animaux sauvages, qui ont causé de nombreux décès. L’opération n’a pas atteint son objectif d’augmenter la production agricole et de réhabiliter les déportés. Au contraire, elle a généré des frustrations, des traumatismes et une rupture des réseaux familiaux et sociaux.

 

Le processus de rééducation : Un projet d’ingénierie sociale

Le processus de rééducation, qui a débuté en 1974, a été inspiré par des régimes totalitaires tels que l’Union soviétique et la Chine ; le programme visait à transformer le citoyen mozambicain en « nettoyant » son esprit des idéaux colonialistes et capitalistes. Les individus marginalisés, les collaborateurs présumés du régime colonial et les groupes religieux tels que les Témoins de Jéhovah ont été forcés de travailler dans les champs agricoles des centres de rééducation. Situés dans des régions isolées comme Niassa, ces centres étaient connus pour leurs conditions insalubres et leur répression brutale. On estime qu’en 1980, environ 10 000 personnes étaient enfermées dans 12 centres. Les activités quotidiennes consistaient en travaux agricoles et en éducation idéologique, avec des punitions sévères pour ceux qui ne respectaient pas les règles. La guerre civile a encore intensifié les difficultés, augmentant ainsi la vulnérabilité et la souffrance.

 

Droits de l’homme et impact sur la société

L’opération « Production » et le processus de rééducation ont été marqués par d’importantes violations des droits de l’homme. Les réinstallations forcées et les traitements dégradants imposés aux déportés ont violé les principes fondamentaux de la dignité humaine et de la liberté. L’absence de consultation et de participation des personnes affectées dans les processus de prise de décision concernant leur vie, l’utilisation d’une force excessive et la privation du choix de leur lieu de résidence et de travail sont quelques-unes des violations les plus graves. En outre, la séparation forcée des familles et la désintégration sociale résultant de ces politiques ont laissé un héritage de traumatisme et de marginalisation. Pour beaucoup, l’expérience de la vie dans des conditions inhumaines a conduit à une méfiance durable à l’égard du gouvernement et des institutions publiques.

 

Conclusion

L’opération Production et le processus de rééducation représentent des chapitres sombres de l’histoire du Mozambique après l’indépendance. Les tentatives de transformation sociale par le biais de politiques répressives ont non seulement échoué à atteindre leurs objectifs économiques et sociaux, mais ont également causé des souffrances profondes et durables. Ces initiatives rappellent les limites et les dangers des politiques coercitives et l’importance du respect des droits de l’homme dans tout processus de transformation sociale.

 

Médias sociaux : http://www.linkedin.com/in/daniel-cossa-cientista-social-profissional-de-comunicacao-social-jornalista

Cossa Daniel Samuel

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