Captain Ibrahim Traoré

CINQ ANNÉES DE PLUS POUR LA TRANSITION AU BURKINA FASO

Introduction

Ouagadougou, 25 mai 2024 – Les assises nationales de Ouagadougou ont récemment décidé d’accorder une extension de cinq ans à la transition politique du Burkina Faso, dirigée par le Capitaine Ibrahim Traoré depuis septembre 2022. Cette période de transition, initialement prévue pour se terminer le 1er juillet avec la tenue d’élections, a été prolongée suite à un consensus national visant à éviter une vacance du pouvoir.

Un rendez-vous crucial avec les forces vives

Les participants aux assises, représentant divers secteurs de la société burkinabè, ont exprimé un large soutien à la prolongation du mandat de Traoré. Des mouvements citoyens, notamment les comités de veille citoyenne appelés « wayiyans », ont manifesté leur adhésion à cette décision. Arborant des pancartes proclamant « IB au pouvoir à vie » et « 10 ans au pouvoir », ces groupes ont clairement indiqué leur méfiance envers les politiciens traditionnels et la démocratie, perçus comme les sources des problèmes du pays. La détermination affichée par les autorités à lutter contre l’insécurité a également renforcé cette confiance.

Un pouvoir sans garde-fous

Cependant, cette prolongation n’a pas fait l’unanimité. Les critiques soulignent le manque d’instruments de contrôle et de supervision du pouvoir exécutif. L’absence d’une opposition active, de la liberté d’expression, et d’une Assemblée Législative de Transition indépendante pose la question de l’équilibre des pouvoirs. Le Korag, organe de contrôle de la transition, est perçu comme étant sous l’influence directe du Président, ce qui soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’une dérive autoritaire.

Un patriotisme enflammé mais dangereux

Le patriotisme fervent observé chez certains partisans du régime actuel pourrait devenir un obstacle à une critique constructive. Dans ce climat, toute critique est souvent perçue comme antipatriotique ou comme étant au service d’intérêts étrangers, ce qui pourrait empoisonner la vie sociale et politique du pays.

Le défi sécuritaire toujours présent

La restauration du territoire national était clairement indiquée par la Transition comme le cheval de bataille pendant les 21 mois qu’elle devait durer. Malgré les efforts pour renforcer les capacités logistiques et humaines des forces de défense et de sécurité, la question sécuritaire reste une préoccupation majeure. Le silence imposé à la presse sur les pertes et les échecs des opérations militaires limite la transparence et la possibilité d’une évaluation objective des progrès réalisés. Un bilan impartial pendant ces assises aurait permis de poser un regard critique sur les méthodes et proposer des perspectives.

Conclusion

La décision de prolonger la transition renforce l’autorité de l’Exécutif, une mesure saluée par certains en raison de la dynamique actuelle. Cependant, l’absence d’instruments de contrôle efficaces pourrait ouvrir la voie à des abus de pouvoir. Il est crucial de rester vigilant face à ces risques potentiels pour assurer une transition réussie et durable vers la stabilité et la démocratie. Le Burkina Faso reste sous la vigilance de ses citoyens et, espérons, de la Providence.

 

Sawadogo Boureima

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