Death in Africa

LA CONCEPTION DE LA MORT DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE AFRICAINE

INTRODUCTION

Si dans d’autres cultures la mort est vue comme une fin de l’existence de l’être ou un anéantissement, dans la culture traditionnelle africaine, la perception de la mort est largement différente. Pour la culture sub-saharienne, la vie et la mort sont deux faces d’une même pièce, indissociables ; la culture africaine ne considère pas la mort comme une finalité de l’existence, mais plutôt comme un passage vers une nouvelle dimension de la vie. Dans les lignes qui suivent, nous examinerons la conception de la mort dans la culture traditionnelle africaine.

PERSPECTIVES CULTURELLES SUR LA MORT EN AFRIQUE

Les conceptions de la mort divergent selon les cultures, les peuples et les visions du monde. Pour l’Afrique traditionnelle, l’une des conceptions majeures sur la mort est que les morts ne sont pas réellement morts. Bien qu’invisibles, ils restent présents parmi les vivants. Lorsque l’on évoque la mort sur le continent africain, il s’agit plus d’une transformation que d’une annihilation, d’une séparation plutôt que d’une néantisation. Comme l’a dit Louis-Vincent Thomas, la mort détruit tout, mais il est encore plus vrai d’affirmer qu’elle ne détruit jamais tout.

Une autre conception répandue concernant la mort dans la culture traditionnelle africaine est la considération de celle-ci comme un passage. Selon cette conception, la mort est un passage vers la vie, et la vie est un passage vers la mort. Ceux qui naissent sur terre meurent dans le monde des ancêtres, et ceux qui meurent sur terre retournent vers le monde des ancêtres. Le terme approprié pour parler de la mort en Afrique est celui du voyage ou de l’excursion. Dans ce déplacement, réside l’idée d’un retour, non pas sur terre, mais à nos origines, d’où nous sommes tous venus. La mort n’est pas la réalité ultime, mais plutôt la vie même. Lors de sa mort, l’individu se fond dans l’immortalité collective du mort-vivant, proclamant ainsi la haute solidarité de la vie.

CAUSES DE LA MORT DANS LA CULTURE AFRICAINE

Avant d’aborder la question des causes de la mort, il est important de noter qu’en Afrique, il existe deux types de mort : une bonne et une mauvaise mort. Une bonne mort survient lorsque le défunt meurt à un âge avancé, rassasié des jours, et est d’origine naturelle, non provoquée. La mauvaise mort, quant à elle, survient dans la jeunesse, et la mort d’un jeune en Afrique suscite des interrogations au sein de tout le clan.

Le peuple africain explique la mort par quatre causes principales. La première cause, la plus évoquée, est la sorcellerie ou la magie ; cette mort est considérée comme plus néfaste car les victimes peuvent devenir des fantômes errants. La deuxième cause est la malédiction, pouvant entraîner une mort subite et sans recours. La troisième cause est le mort-vivant ; les âmes des défunts mécontents de la vie de ceux qui vivent sur terre peuvent provoquer divers malheurs. La quatrième cause est Dieu, reconnu comme la cause ultime de la mort.

CONCLUSION

Ainsi, la question de la mort constitue un champ riche dans la cosmologie africaine. Cette croyance, riche et profondément enracinée dans l’ontologie de l’être, apporte une réponse au grand débat existentiel sur la mort. Nous pouvons donc affirmer que pour les Africains, mourir c’est continuer à vivre d’une autre manière.

 

Rodrick Kapwa Ilunga

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1 comment

  1. Dieudonné Mukaz 6 mois ago juillet 13, 2024

    Mourir c’est continuer à vivre d’une autre manière. Merci pour cette belle littérature philosophique africaine

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