Introduction
Le Kenya a récemment été en proie à des manifestations, conséquence du projet de loi de finances 2024/2025 controversé, qui a suscité la colère de l’opinion publique et déclenché un débat houleux sur l’avenir économique du pays.
Les graines du mécontentement : Pourquoi les manifestations ont-elles commencé ?
Le gouvernement kényan a proposé un projet de loi de finances pour l’exercice 2024/25 qui visait à lever 2,7 milliards de dollars d’impôts supplémentaires afin de réduire le déficit budgétaire et d’assurer le service de la dette publique croissante du pays, qui s’élève à 68 % du PIB. Le projet de loi prévoit de nouvelles taxes sur les produits de base comme le pain, l’huile végétale et le sucre, ainsi qu’une « éco-redevance » sur la plupart des produits manufacturés, notamment les serviettes hygiéniques et les couches. Il proposait également d’augmenter les taxes existantes sur les transactions financières.
Ces propositions de mesures fiscales ont déclenché de nombreuses protestations, en particulier parmi les jeunes Kényans qui estimaient que les nouvelles taxes pèseraient encore plus sur le budget de leurs ménages, déjà mis à rude épreuve. Les manifestants, qui s’identifient à la génération Z, ont fait valoir que les hausses d’impôts étoufferait l’économie et augmenteraient le coût de la vie pour les Kényans qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts
Conséquences des manifestations : Une nation en ébullition
Les manifestations, qui ont commencé pacifiquement, ont rapidement dégénéré en affrontements violents avec les forces de sécurité. Les scènes où les manifestants ont pris d’assaut le bâtiment du parlement, déclenché des incendies et affronté la police ont fait au moins 22 morts, avec des allégations d’implication de la police dans certains de ces décès.
La réaction initiale du gouvernement a été brutale, avec le déploiement de l’armée et l’utilisation de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre les manifestants. Le président William Ruto a même qualifié les manifestations de « trahison », ce qui a encore attisé les tensions.
Les troubles ont également mis en évidence les profondes divisions au sein de la société kényane et le fossé qui se creuse entre le gouvernement et la population. De nombreux Kényans, en particulier les jeunes, ont eu le sentiment que l’administration Ruto avait trahi ses promesses de s’attaquer aux difficultés économiques et de réduire le coût de la vie.
Au-delà des perturbations immédiates, les manifestations ont également jeté une ombre sur la réputation du Kenya en tant que destination stable et attrayante pour les investissements. Les troubles pourraient décourager les investisseurs étrangers et freiner la croissance économique.
Des solutions émergent : Un appel au changement
L’ampleur et la persistance des manifestations ont fini par forcer la main du gouvernement. Dans une volte-face spectaculaire, le président Ruto a annoncé qu’il ne signerait pas le projet de loi de finances, ce qui constitue une concession importante aux demandes des manifestants.
Toutefois, les manifestants sont de plus en plus nombreux à réclamer la démission du président Ruto, même après qu’il a retiré le projet de loi sur l’augmentation des impôts. Ils estiment que son administration n’a pas réussi à relever les défis économiques auxquels sont confrontés les Kenyans et qu’elle s’est plutôt concentrée sur l’augmentation des impôts, tout en ne faisant pas grand-chose pour améliorer le bien-être de la population.
Les manifestations ont également mis en évidence la capacité du peuple kényan à demander des comptes à son gouvernement. Le mouvement mené par les jeunes, qui n’avait pas de leader spécifique, a uni les Kényans au-delà des partis, des tribus et des groupes d’âge autour d’une cause commune. Cette démonstration d’unité sans précédent a été saluée comme une étape positive dans la démocratie kényane.
Conclusion
Les manifestations contre la loi de finances kényane ont mis en lumière les frustrations profondes du peuple kényan face aux défis économiques du pays et à la gestion de la crise par le gouvernement. Si le retrait du projet de loi sur l’augmentation des impôts est une victoire importante pour les manifestants, les problèmes sous-jacents que sont les difficultés économiques, le chômage des jeunes et la déconnexion entre le gouvernement et le peuple ne sont toujours pas résolus.
Alors que le Kenya est aux prises avec les conséquences des manifestations, il est clair que le gouvernement doit prendre des mesures décisives pour répondre aux préoccupations du peuple kényan et rétablir la confiance. Cela peut impliquer de repenser ses politiques économiques, d’engager un dialogue constructif avec le public et de prendre des mesures concrètes pour améliorer le bien-être de tous les Kényans.