Introduction:
Dans un entretien exclusif avec R:Ed, le Dr Stefan Liebing, président de l’Afrika-Verein der deutschen Wirtschaft e.V. et PDG de Conjuncta GmbH, partage son point de vue sur les collaborations germano-africaines, les défis d’investissement et la nécessité d’une approche pragmatique en matière de développement.
R:Ed:
Je crois que vous jouez un rôle crucial pour orienter l’Afrique dans la bonne direction. Pourriez-vous vous présenter et nous éclairer sur votre implication en Afrique ?
Stefan :
Certainement ! Je m’appelle Stefan et j’ai une formation dans les domaines de l’infrastructure et de l’énergie. Au cours des 20 dernières années, j’ai travaillé en Russie, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique. Depuis 15 ans, je me concentre sur l’Afrique à travers ma société d’investissement à Hambourg. Nous sommes spécialisés dans divers secteurs, notamment la chimie, la logistique, l’informatique, l’énergie et l’hydrogène. J’ai récemment terminé mon mandat en tant que président de l’Association des entreprises germano-africaines et je suis également consul honoraire à Hambourg pour le Cameroun. Nous lançons actuellement une initiative commerciale pour promouvoir des projets spécifiques en Afrique.
R:Ed:
Parlez-nous de cette nouvelle initiative commerciale.
Stefan:
Nous mettons en place une initiative commerciale allemande qui vise à promouvoir des projets d’investissement spécifiques et la création d’emplois. Les décideurs expérimentés du monde politique, des affaires et de la science identifieront les partenaires appropriés pour les projets que les dirigeants africains aspirent à entreprendre. L’objectif est d’aller au-delà des discussions et de mettre réellement en œuvre des projets, dans le but de combler le fossé entre le potentiel et l’action.
R:Ed:
Pour relever les défis, vous avez mentionné le financement comme un obstacle important. Pouvez-vous développer?
Stefan :
En effet, le financement constitue un défi majeur, notamment pour les investisseurs du secteur privé allemand. Basel IV a rendu encore plus difficile pour les banques allemandes le financement des investissements africains. Par exemple, un projet d’énergie solaire en Afrique nécessite un prêt bancaire important, mais convaincre les banques allemandes d’investir dans de tels projets est difficile en raison des contraintes réglementaires.
R:Ed:
Au-delà du financement, existe-t-il des barrières réglementaires qui impactent les projets en Afrique ?
Stefan :
La réglementation et la bureaucratie jouent un rôle important, surtout dans les grands projets d’infrastructure. Par exemple, les préoccupations environnementales en Allemagne peuvent entraver les projets, comme dans le cas d’une mise à niveau du barrage. Bien que ces défis soient importants, l’accent devrait être mis sur l’accès au financement pour ces projets.
R:Ed:
Vous avez souligné l’importance de soutenir des projets qui ont du sens sur le plan économique. Comment le gouvernement allemand peut-il y contribuer ?
Stefan :
Il est important d’effectuer des réformes de l’approche du développement. Au lieu de l’aide traditionnelle, nous devrions utiliser les budgets de développement pour combler les déficits de financement et fournir des garanties aux banques. Cette approche facilite les investissements du secteur privé, la création d’emplois et, en fin de compte, contribue à la croissance économique de l’Afrique.
R:Ed:
Passant à la vitesse supérieure en matière de ressources humaines, vous avez évoqué la pénurie d’experts en informatique. Comment l’Allemagne peut-elle résoudre ce problème ?
Stefan :
L’Allemagne doit exploiter l’expertise des professionnels africains de l’informatique. Le gouvernement devrait envisager de rendre les processus de visa et de migration moins bureaucratiques, facilitant ainsi l’échange de compétences et de connaissances.
R:Ed:
Compte tenu des implications géopolitiques, comment l’Europe devrait-elle aborder l’égalité des chances pour les Africains ?
Stefan :
Faciliter la migration des personnes qualifiées et soutenir les projets créateurs d’emplois sont des étapes essentielles. L’Europe doit reconnaître l’importance d’offrir des opportunités aux Africains, car ne pas le faire pourrait entraîner des défis géopolitiques, notamment une augmentation du passage des frontières.
Conclusion:
Le Dr Stefan Liebing souligne la nécessité d’une approche pragmatique qui combine les investissements du secteur privé, la création d’emplois et les réglementations rationalisées pour libérer tout le potentiel des collaborations germano-africaines. L’entretien fournit des informations précieuses sur les défis et les opportunités qui nous attendent en matière de promotion de partenariats significatifs.
Suivez la deuxième partie de cet entretien dans une autre perspective de Stefan.
Trduit par: Daouda Daou/ Co author- Rosalie Lalhensia Ngassama