En conversation avec le musicien et entrepreneur congolais-suédois Djo Moupondo

Djo Moupondo est un musicien et entrepreneur Congolais-Suedois travaillant dans les domaines de la musique et médias avec son label La Clique Music ainsi que les domaines de la technologie financière et Ressources Humaines avec son entreprise SODEICO Holding. Right for Education s’est entretenu avec lui pour parler de la culture musicale et de l’entrepreneuriat en Afrique.

R:Ed : Pouvez-vous nous parler de vous et de votre travail avec SODEICO et La Clique?

Pour commencer par la musique, nous avons un label avec des projets sur le monde entier. On a une radio en RDC et on fait de la production de contenu audiovisuel de divertissement axé sur l’Afrique en générale et la RDC en particulier. 

On a aussi une entreprise qui est dans la distribution de contenus audio et vidéo. On a cette année lancé notre plateforme de streaming en mission pour devenir le frère africain de Spotify. Elle s’appelle Muska, c’est une entreprise qui met en avant la musique africaine parce qu’on a remarqué qu’il n’y a aucune réelle plateforme africaine. Les grosses plateformes que l’on connaît aujourd’hui ont beaucoup de musique, mais ne mettent pas en avant la musique africaine. Nous voulons promouvoir la musique africaine et surtout créer une industrie où les artistes africains peuvent se retrouver face à cette crise musicale.

Pour SODEICO, c’est un groupe d’entreprise qui existe depuis 1987. On était un peu de tout auparavant mais depuis 2002 nous nous concentrons sur le secteur des ressources humaines, notre core business. Cela dit, depuis quelques années, on s’est diversifié aussi.

On a diversifié géographiquement notamment. On est dans six pays d’Afrique et on est actif sur toute l’Afrique subsaharienne. Nous travaillons également dans le conseil en développement et management ainsi que dans les technologies financières. En 2007, on a créé Onboard, la première entreprise d’Afrique centrale spécialisée dans l’acquisition clientèle et la création et intégration d’agences bancaires et en 2020, nous avons fait une acquisition de 50% de Maishapay qui est un wallet congolais. 

R:Ed: Pouvez-vous nous parler un peu de la musique africaine? Est-ce que c’est un terme correct?  

Je ne pense pas que l’on puisse parler de musique africaine en Afrique parce qu’il y a plusieurs musiques. C’est comme à l’époque ou on parlait de musique appelées caribéennes. Aujourd’hui on parle du Reggae, de la salsa, du calypso, Merengue et ainsi de suite. Le monde entier a commencé à comprendre qu’il y avait différentes musiques aux Caraïbes. Je pense qu’il faut faire un peu la même chose sur l’Afrique, donc il est important que les Africains ou les artistes africains puissent eux affirmer leurs styles musicaux et leurs cultures respectives.

Il n’y a pas qu’une seule culture africaine et déjà dans plusieurs pays africains, il n’y a pas qu’une seule culture du pays. Donc, il y a effectivement une culture générale qu’on peut appeler culture nigériane, mais encore une fois, c’est parce qu’on a envie de mettre les choses dans des facs et faciliter la compréhension du discours des personnes qui définissent les normes. Une culture nationale, quelque part, est une généralité des choses. Après, dans chaque pays, il y a des cultures différentes, indépendamment de la suite. C’est la même chose avec la musique

R: Ed:  Est ce que vous croyez que la plupart des musiciens africains sont encore influencés par les musiques locales ou par des musiques étrangères? La musique africaine devient-elle plus occidentale ou reste-t-elle très africaine? 

Haha bonne question. Dans les années 1990 et 2000, l’influence américaine et européenne était beaucoup plus forte sur le continent mais aujourd’hui grâce aux technologies, la globalisation de la musique africaine est écoutée dans d’autres coins du monde.

Maintenant on voit de plus en plus de musiques qui naissent de l’influence de musiques africaines. Je parle bien sûr de la plupart des Américains et européen qui font du R&B, pop, on entend les influences africaines dans le ton et le rythme. Les jeunes rappeurs d’origine africaine tentent de mettre en avant l’influence africaine dans leurs musiques, même s’ils sont nés en dehors de l’Afrique ils cherchent à affirmer leurs origines à travers la musique. 

Pour répondre à votre question, la culture musicale locale se préserve très bien. La musique est un domaine assez unique et c’est une partie de la culture africaine qui résiste de manière très impressionnante à l’influence étrangère.

R:Ed Quels sont vos conseils pour les jeunes artistes en Afrique? 

Je crois qu’il faut une dynamique d’ensemble. Il faut travailler en collectif entre artistes. Il ne faut pas être dans le flou et dans la guerre. La concurrence est inutile. Il faut travailler en collectif et mettre en avant des projets concrets. 

Il faut travailler parce qu’aujourd’hui, j’ai remarqué que beaucoup d’artistes se focalisent à avoir des vues sur YouTube. Mais YouTube c’est seulement une fenêtre, une boutique : elle met en avant votre produit mais le reste alors ? La musique est un travail qui coûte beaucoup d’argent et beaucoup de temps, il faut savoir trouver des opportunités pour gagner de l’argent. En tant qu’artiste, on ne peut pas attendre que quelqu’un vienne faire les choses pour un, même si on est signé à un label, il faut mettre autant de temps si pas plus de temps que quand on est seul car un label c’est un partenaire qui t’aide à atteindre tes objectifs. Si tu veux avoir une carrière, il faut savoir se sacrifier et prendre des coups.

R: Ed: Selon vous,  quelle est la relation entre le business étranger et local en Afrique?

Complexe. L’Afrique, en tant que continent indépendant dans l’ère de l’industrialisation, n’a que quelques années. Environ 65 ans seulement c’est très, très jeune. L’investissement extérieurs continue à dominer l’économie et à créer une dépendance et gardé un certain model de paternalisme surtout en Afrique francophone ou juste une poignée de personnes ont développé des richesses souvent de manière illicite, ou on garde aujourd’hui encore des séquelles des dictatures et des types de leaderships paternaliste et très peu d’efforts et d’initiatives d’encouragement à l’entrepreneuriat sont fait. L’Afrique anglophone a beaucoup travaillé et de facto avancé plus rapidement, surtout des pays comme le Nigeria, le Ghana, voire même le Kenya ont créé des économies nationales ou on voit beaucoup plus d’investissements fait par des entrepreneurs locaux qui ont su utiliser positivement l’inflation et l’âme entrepreneurial de leurs populations. 

Les pays africains comprennent qu’il y a besoin d’investissements étrangers, mais ils comprennent aussi aujourd’hui que l’investissement étranger ne va pas suffire et que l’investissement étranger n’est pas non plus optimal pour un développement durable de leurs différents pays.

Pour avoir un développement durable du pays, les richesses nationales et les investissements nationaux doivent excéder les investissements étrangers pour que l’écosystème puisse réellement fonctionner de la bonne manière. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de pays dans le développement de l’entrepreneuriat local mais ce n’est pas assez.

R:Ed: Quel est votre point de vue sur l’avenir de la musique et du business en Afrique?

Déjà, la musique c’est un business de plus de 30 milliards de dollars annuels à travers le monde. En Afrique c’est encore un business embryonnaire, mais je pense que l’Afrique devrait commencer à être fière de sa culture et la mettre en avant. Les pays africains ont commencé à avoir des politiques culturelles adaptées aujourd’hui et des programmes de soutien pour les artistes qui sont des vrais ambassadeurs pour leurs pays respectifs. C’est le soft power comme on le dit en anglais et le soft power aujourd’hui contribue beaucoup dans le PIB des pays.

Pour le business, je pense que l’Afrique en tant qu’union à tout pour être la première puissance mondiale, mais on a tout fait pour ne pas donner la place à l’Afrique., elle devra donc un jour, tout comme l’artiste, arrêter d’attendre qu’on la lui donne et travailler pour la prendre cette première place. Quelle est la possibilité de devenir, en tant qu’Africain, le continent le plus puissant du monde ? 

L’Afrique doit travailler et doit travailler ensemble. Je crois que les pays doivent se spécialiser dans leurs différents domaines et ils en deviendront plus forts. On pourrait voir ça comme une vision fédérale. C’est un peu ce que l’Union européenne a fait. Après, je ne dis pas qu’il faut faire des fédérations, que l’Afrique soit comme une fédération avec un pays, un président ou autre. L’Europe a essayé, ça n’a pas vraiment marché et les Africains ont 54 pays et ils sont tous très égoïstes. Mais je pense et crois qu’un jour en utilisant cette approche de spécialisation et trading entre africain on va voir l’Afrique enfin se développer et devenir indépendante économiquement et financièrement.

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