Peace and harmony in a community. Photo credit - AI Generated

EXORCISER LA CHAINE DE HAINE

Ce matin-là, la candide aurore jouait un air triste,

Et des chants lugubres dans l’atmosphère délétère,

Laissèrent sans voix devant l’horreur surréaliste !

Ces lèvres, à peine sèches de colère,

Ruminent la douleur, devant ces vies fauchées.

Nos fragiles larmes, au cœur, écument d’ivresse,

Et la vengeance, à nos portes, cligne et nous adresse.

 

Dans nos regards, bouillonne des instincts mortifères.

Ceux-ci se distillent tel un venin, atteint les veines.

Ce doux poison, dans les artères, se déchaine,

Excite dangereusement l’euphorie suicidaire :

La justice par les armes ; tous prêts à dégainer !

Réveiller la bête sanguinaire en nous, s’amouracher

Des charmes maléfiques des sirènes de la nuit noire !

 

Soudain, au loin, au fond du champ de ce chant morbide ;

Des tréfonds de l’âme, jaillit une voix, à peine audible,

Mais, encore sublime, crescendo, qui embrase.

Elle susurre à l’oreille, conjure les relents de haine,

Et murmure les douceurs de la raison, souveraine.

 

C’est la voix de la terre, Mère Patrie

Qui couve notre placenta ; celle qui nous a vu naitre.

C’est la même, qui naguère, notre destin scellait.

Elle qui a gravé dans le marbre ce vivre-ensemble ;

Oui, cette fine lumière sur les couloirs de notre histoire,

Qui nous rappelle cette esthétique diversité ethnique,

Dont la sueur et le sang ont bâti la maison commune.

 

Cette voix, c’est la symphonique musique du Ditanyè,

Variée, pour concocter la sauce de l’avenir,

Un arc en ciel, de couleurs ethniques, flambé.

Cet édifice national, riche de ses souvenirs,

Brille par les bénédictions des silures de Sya,

Paré d’un turban à l’étoffe royale Moaga,

Et fier du chapeau et de la canne du Pasteur Peulh.

 

Cette céleste voix, nous emplit, plie et frise.

Ce frisson saisit nos membres tremblotants,

Parcoure ces mains encore lancinantes,

Et exorcise du regard l’animosité ; la brise.

Allons, sous l’arbre à palabre, enterrer l’inimitié,

Arpenter les artères de l’amitié,

Pour, de notre commun Faso, faire un havre de paix.

 

Description du poème

Ce poème peint avec intensité l’atmosphère pesante d’un matin marqué par l’horreur et la douleur, dans un pays rongé par les tensions ethniques. Face aux violences qui fauchent des vies et attisent la soif de vengeance, les esprits s’échauffent, prêts à céder à la spirale meurtrière. Dans ce contexte où la haine se transforme aisément en conflit ethnique, une voix salvatrice s’élève : celle de la Mère Patrie. Elle rappelle le lien profond qui unit les différentes communautés, la richesse de la diversité ethnique et l’héritage commun bâti par le sang et la sueur de tous. Par cet appel à la raison et à la mémoire collective, le poème invite à rejeter la haine et à choisir l’apaisement sous l’arbre à palabres, symbole du dialogue et de la paix, pour bâtir ensemble un avenir harmonieux dans un Faso uni.

 

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Sawadogo Boureima

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