Introduction
Les toupouri sont un peuple partagé entre le nord du Cameroun et le sud-ouest du Tchad. Ils ont une histoire et une culture riches en diversité. Concernant le mariage, la pratique de jee faage (lire:jé fagué) ou de jee taogi (lire:jé taogui) – deux notions qui traduisent la même réalité culturelle – était courante. Malheureusement, cette pratique se heurte aujourd’hui à de nombreux défis qu’il est indispensable de comprendre dans cet article.
Le jee faage, une pratique ancestrale
Chez les toupouri, un peuple de plus de 350 000 âmes (données disponibles sur le site internet d’Horizon IRD), un mariage honorable est conditionné par la désignation de jee faage, « le propriétaire du chemin », traduction littérale en Français. Avant toute démarche nuptiale, la future mariée désigne une personne de sa convenance, parfois avec l’accord de son prétendant, qui doit jouer le rôle d’intermédiaire et de notaire entre elle et son futur mari dès le début de leur rencontre jusqu’à la fin de leur vie. Le jee faage participe aux échanges avec les parents de la fille concernant la demande de leur futur gendre et à la négociation du prix de la dot. En tant que témoin, il est régulièrement interpellé pour participer à la résolution des conflits dans le couple.
Les facteurs de crise de la pratique de jee faage
La pratique de jee faage a toujours rempli un rôle déterminant dans l’ordre social toupouri. Malheureusement, au Tchad, cette pratique est en crise ; son rôle tend à disparaître. Les jeunes se marient sans respecter cette étape : mariage par grossesse non désirée, par arrangement (« viens, on reste »), concubinage. Ceci s’explique par l’adoption des valeurs modernes, le prix élevé de la dot et l’influence d’autres cultures véhiculées par les médias (réseaux sociaux). Ces facteurs font que le jee faage est presqu’effacé du processus nuptial.
En plus, le mariage inter-ethnique a complexifié davantage le rôle de jee faage. Car, entre deux cultures, le jee faage est perdu et ne sait pas laquelle des cultures appliquée.
Entre hier et aujourd’hui : repenser la pratique de jee faage
Quand la pratique de jee faage était rigoureusement respectée, il y avait moins de problème et le mariage comme institution traditionnelle était honoré par tous. De nombreux toupouri refusent aujourd’hui d’être jee faage à cause des comportements décevants des jeunes, qui sont très versatiles dans leur engagement. Il y a donc des voix qui se lèvent pour repenser la culture toupouri, plus particulièrement la pratique de jee faage. Ces voix entendent contribuer à la stabilité culturelle et à la préservation de cette pratique en dépit des défis.
Conclusion
De toute évidence, la pratique de jee faage chez le peuple toupouri du Tchad est en crise. Plusieurs facteurs justifient cette crise qui contribue à effacer le rôle majeur de jee faage dans le processus de nuptialité. Une société sans identité culturelle est destinée à disparaître. Il est donc crucial que la pratique de jee faage soit préservée pour éviter l’effondrement moral total du peuple toupouri.
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