A woman going through traumatic amnesia. Photo credit - Getty Images

AMNESIE TRAUMATIQUE : BENEDICTION OU TRAGEDIE ?

Introduction

L’amnésie traumatique est un trouble mental souvent méconnu, notamment en Afrique et au Cameroun. Pourtant, elle plonge les victimes dans la confusion et la panique, car le retour des souvenirs sème le chaos. L’amnésie traumatique se définit comme l’incapacité, totale ou partielle, de se souvenir d’éléments importants d’un événement traumatisant. C’est un trouble fréquent chez les victimes de violences.

 

Causes : un mécanisme de défense

L’amnésie traumatique est un mécanisme de défense du cerveau face à des événements traumatiques majeurs qui provoquent une sidération psychique. Un stress extrême, une véritable tempête émotionnelle, submerge l’organisme. Pour protéger le cœur et le cerveau, des mécanismes se déclenchent, court-circuitant les circuits émotionnels et mémoriels. La gravité des événements, le jeune âge de la victime et la perpétration des violences par un membre de la famille augmentent la fréquence de l’amnésie. Les événements pouvant la causer incluent les viols, les agressions physiques avec risque de mort, les deuils et les situations de violence extrême comme la guerre.

 

Manifestations : un retour brutal

Les répercussions des événements traumatiques non conscients peuvent être vastes : dépression, troubles alimentaires, phobies, sensations physiques désagréables sans origine apparente. L’amnésie perdure jusqu’à ce qu’un élément (mot, sensation, émotion) rappelle, consciemment ou non, l’événement. La victime revit alors l’événement de manière incontrôlée et envahissante, avec la même terreur, les mêmes douleurs et la même détresse, à travers des flashbacks, des réminiscences sensorielles (images, odeurs, sons) et/ou émotionnelles (panique, détresse, abandon, colère) et des cauchemars. Les souvenirs apparaissent d’abord de manière non verbale et sensorielle, puis se transforment progressivement en récit.

 

Conséquences : évitement et conduites à risque

Pour se protéger, la victime met en place des conduites d’évitement et de contrôle, évitant tout ce qui pourrait rappeler le traumatisme (lieux, rues, etc.). Lorsque ces stratégies ne suffisent pas et que la mémoire traumatique envahit le corps et le psychisme, la victime peut adopter des conduites plus radicales : auto-agression, mises en danger, consommation excessive de drogues ou d’alcool. Une fois le circuit émotionnel « disjoncté », elle se sent à nouveau anesthésiée, physiquement et affectivement, et ne ressent plus l’angoisse insupportable des réminiscences.

 

Prise en charge : la thérapie EMDR

Le retour des souvenirs, bien que dévastateur, offre une occasion unique de retrouver son histoire et de faire exister la vérité. La thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est particulièrement indiquée. Elle permet d’identifier le traumatisme, de débloquer les mémoires et les expériences négatives pour les traiter et les « digérer ».

 

Conclusion : un accompagnement indispensable

L’amnésie traumatique est un trouble mémoriel consécutif à un événement traumatisant. Des mécanismes de survie exceptionnels se mettent en place, court-circuitant le système émotionnel et la mémoire. La sortie de l’amnésie désorganise l’équilibre de vie. Une prise en charge psychologique est indispensable pour accompagner la victime.

Nana Boutchuin Danielle Maeva

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