Introduction
La culture du viol est très répandue dans les prisons sud-africaines. La raison en est qu’il existe des gangs dans les prisons sud-africaines, et que les Numbers Gang (appelés inombolo en IsiZulu) sont les principaux coupables. Les gangs actuellement présents dans les prisons sud-africaines sont les « 26 », les « 27 », les « 28 » ainsi que les « Big 5 ». Il y a aussi les Bulubexe (les non-membres de gangs) qui ne font partie d’aucun gang et ne savent rien des gangs. Certaines personnes acceptent ou rejoignent le numéro du gang depuis l’extérieur de la prison avant l’incarcération. On se fait tatouer sur une épaule, le 26 sur l’épaule gauche et le 28 sur l’épaule droite. Pour rejoindre le gang, il faut écrire un numéro ou un dessin. Si vous avez un signe de femme, vous êtes membre d’un gang 28 et si vous avez un dessin de couteau, vous êtes membre d’un gang 26. Il arrive que vous soyez incarcéré, que vous ayez un signe et que vous ne connaissiez pas les protocoles de numérotation des gangs. Pour vous tester dans le cadre de l’initiation, on attend de vous que vous poignardiez ou tuiez un autre prisonnier.
Souffrance silencieuse : Conséquences cachées
Les abus sexuels masculins sont un problème caché mais omniprésent dans de nombreuses prisons sud-africaines. En général, dans les prisons sud-africaines, pour vous tester, on vous donne un couteau et on vous dit que dans un ou deux jours, vous devrez poignarder un prisonnier pour montrer que vous êtes assez viril et pour voir dans quel gang vous vous « qualifieriez », si vous n’y parvenez pas, on vous dira de coucher avec un chef de gang à plusieurs reprises – vous serez la « femme » du chef de gang. Vous finissez par considérer qu’il s’agit là d’une solution plus facile et plus efficace que de poignarder quelqu’un et de le tuer par la suite. Les prisonniers finissent alors par coucher avec chacun d’entre eux, certains sans leur consentement, ce qui vous vaudra le titre de femme d’untel ou d’untel. Les membres des gangs, dirigés par les chefs de gangs, intimident les victimes de sorte que celles-ci ne signalent pas les incidents de viol. Les gardiens de prison ne signalent pas les cas, car ils peuvent également craindre d’être assassinés. Les membres d’un gang tuent pour le compte de leur chef. Ils considèrent la déloyauté comme un affront à leur chef.
Pourquoi les hommes survivants en prison gardent-ils souvent le silence ?
La réticence des détenus masculins à dénoncer les abus sexuels ou les viols est largement influencée par les attentes de la société en matière de masculinité et de vulnérabilité. Dans de nombreuses cultures, les hommes sont censés incarner la force et la résilience, ce qui fait qu’il est difficile pour les survivants d’abus sexuels de se manifester. La peur d’être perçu comme faible ou « féminisé » dans l’environnement hyper-masculin de la prison aggrave ce problème. Elle conduit de nombreux hommes à souffrir en silence plutôt que d’affronter les moqueries ou les violences potentielles des autres détenus ou des gardiens. La dynamique du pouvoir et du contrôle à l’intérieur des murs de la prison fait qu’il est difficile pour les survivants de croire que leurs plaintes seront traitées avec respect, confidentialité ou justice.
Risques pour la santé
Les abus sexuels en prison entraînent également de graves risques pour la santé, notamment la propagation d’infections sexuellement transmissibles (IST) comme le VIH et l’hépatite. Dans de nombreux établissements pénitentiaires, l’accès à la protection et aux soins de santé est limité. Cette situation accroît la probabilité de transmission de maladies à la suite d’agressions sexuelles. Les prisonniers qui ont contracté des IST à la suite d’abus sont souvent confrontés à la stigmatisation et à la honte, ce qui les dissuade encore plus de demander une assistance médicale. La surpopulation de nombreuses prisons et l’accès limité aux services de santé aggravent la propagation des maladies infectieuses.
Briser le silence
Briser le silence qui entoure les abus sexuels commis par des hommes dans les prisons nécessite un changement systémique. Un meilleur accès à des systèmes de signalement confidentiel et à des ressources en matière de santé mentale peut offrir aux survivants un espace sûr où chercher de l’aide. La sensibilisation à la victimisation masculine dans les prisons remet en question les normes de genre dépassées et fournit aux survivants la validation nécessaire pour s’exprimer.
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