CARACTÉRISTIQUES COMMUNES AUX RELIGIONS TRADITIONNELLES AFRICAINES

Introduction

Les religions traditionnelles africaines (RTA) désignent l’ensemble des religions et croyances autochtones présentes en Afrique subsaharienne. Elles se distinguent des religions abrahamiques et revêtent une diversité de formes selon les peuples et les ethnies, tout en partageant des points d’ancrage communs. Cette étude vise à explorer ces caractéristiques communes. Étant donnée la profondeur du sujet, nous examinerons trois aspects essentiels : la conception de Dieu, la cosmogonie et la religion en tant que culture.

La conception de Dieu

Les rites africains, surtout ceux qui sont pratiqués à grande échelle, masquent souvent une réalité monothéiste derrière des apparences polythéistes. Il est maintenant largement admis que les religions traditionnelles attestent de l’existence d’un Dieu Suprême, unique, invisible, incréé, dépourvu de commencement et de fin, ne pouvant être représenté par aucune image, créateur de toute chose et caractérisé principalement par sa bonté. Par exemple, chez les Lega de la RDC, trois noms différents pour Dieu sont couramment cités (Kinkunga : l’auteur du monde ; Kalaga : la grande promesse ; et Samiganza : la force agissante), mais ces désignations font référence à un seul Être suprême. Bien que les ancêtres et d’autres esprits soient également invoqués, ils ne jouent pas le même rôle que Dieu.

Le monothéisme des RTA est vécu de manière variée et s’exprime à travers des formes inspirées par l’organisation sociale et l’environnement. Chaque peuple conçoit sa pratique religieuse en fonction de son milieu de vie. Ainsi, pour les peuples pasteurs tels que les Peuls et les Tutsis, la fertilité des animaux domestiques est le principal symbole de la vie, et leur expression religieuse en découle. En revanche, dans les grandes civilisations comme le Bénin et le Mossi, l’accent est mis sur les héros-fondateurs de l’empire et les ancêtres royaux.

La cosmogonie

La cosmogonie africaine présente unanimement l’univers sous forme de trois parties : le monde des vivants au centre, le ciel où réside Dieu et le monde souterrain où résident les ancêtres et les esprits. Contrairement à la conception aristotélicienne, les RTA ne considèrent pas l’homme comme étant composé d’une âme et d’un corps, mais plutôt comme étant composé de multiples principes.

Selon les RTA, l’homme a le devoir de maintenir l’équilibre du cosmos. Lorsque cet équilibre est rompu, la population subit des conséquences telles que le manque de pluie et de gibier. Le respect des cultes et des traditions contribue à maintenir cet équilibre cosmologique.

La religion comme culture

Comme le souligne Opoku, les RTA représentent la tentative de nos ancêtres d’expliquer l’univers et la place de l’homme à leur manière. Ainsi, la croyance africaine et la culture africaine sont indissociables. Les RTA reflètent la pensée, les croyances et les valeurs du peuple africain ; en somme, la religion africaine est la vie même des Africains.

Les RTA s’expriment dans la vie quotidienne à travers un ensemble de symboles, de gestes, d’objets, de rites, de cérémonies et de mythes, ainsi que par la langue, la musique, les danses et même les modes vestimentaires. Elles représentent une structure profondément enracinée dans l’existence et constituent la base de tout.

Conclusion

Il est indéniable que parler des RTA aujourd’hui ne signifie pas vouloir enfermer les Africains dans un passé archaïque ou refuser l’évolution. Comme le mentionne Gérard BUKASA, la religion africaine n’existe nulle part de manière concrète, mais elle est omniprésente, que ce soit dans les consciences, les pratiques spirituelles ou empiriques, les représentations, en milieu rural comme en milieu urbain. Elle représente un patrimoine caractéristique de l’Afrique et un système de pensée qui unit les Africains dans leur quotidien.

 

Rodrick Kapwa Ilunga

VIEW ALL POSTS

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *