À LA DÉCOUVERTE DES MEULES : UN VOYAGE AU CŒUR DES TRADITIONS BURKINABÈ

Introduction

Les meules jouent un rôle essentiel dans la préparation des plats traditionnels au Burkina Faso. Elles sont utilisées pour moudre les céréales locales, comme le mil, le sorgho, l’arachide, le haricot, afin d’obtenir une farine de qualité. Cette farine est ensuite utilisée comme base pour de nombreux plats burkinabè, tels que le tô. Outre cette fonction, elles sont également un moyen d’expression, qui permet aux femmes de partager leurs émotions.

 

Un héritage culturel vibrant

Les meules permettent de broyer les grains de façon traditionnelle, en conservant toutes leurs saveurs et leurs nutriments. L’activité de moulage se passe sur une sorte de terrasse sur laquelle chaque femme implante sa meule, appelée « neere », en langue mooré. L’art de la mouture est transmis de génération en génération par les femmes, qui sont les gardiennes des traditions culinaires. Ces dernières maitrisent les techniques qu’il faut utiliser pour obtenir la farine parfaite, qui apportent une texture unique aux plats. En effet, avant de moudre les céréales, elles trient minutieusement les grains pour enlever les impuretés, les cailloux ou les grains abîmés. Ensuite, certaines d’entre elles humidifient légèrement les grains pour faciliter la mouture et obtenir une farine plus fine. Le broyage se fait selon un mouvement de va-et-vient régulier et constant à l’aide du « ne-bile », une pierre taillée en forme rectangulaire ovale. Cela permet d’avoir une farine homogène et uniforme. Enfin, selon le type de grain et la consistance souhaitée, elles ajustent la pression exercée sur les meules en appuyant plus ou moins fort. Au-delà de sa fonction pratique, l’utilisation des meules revêt une importance culturelle et sociale au Burkina Faso. C’est un espace de partage, de conversation et de création de liens sociaux, en ce sens que les femmes s’y réunissent, discutent et échangent des nouvelles.

Un univers fascinant

Grâce aux meules, les femmes développent des liens de solidarité qui sont empreintes de joie, de complicité et d’amour. C’est pourquoi elles accompagnent leur travail de mouture, de chansons qui leur permettent d’exprimer leurs vécus. Elles sont pratiquées dans différentes régions du pays, avec des variations culturelles diverses. Elles ont une structure simple et répétitive, facilitant leur mémorisation et leur transmission orale. Les paroles abordent des thèmes variés sur la vie quotidienne (joie, amour) et dénoncent les injustices sociales dont elles sont victimes. C’est l’exemple de la chanson « M sid raabo » (le désir de mon mari), qui décrit les violences physiques, verbales et psychologiques qu’affligent certains hommes aux femmes. Elles sont une arme, qui permet aux femmes d’extérioriser leurs sentiments et de se soutenir mutuellement.

Conclusion

Les meules sont le symbole de l’authenticité et de l’identité culinaire du Burkina Faso. En tant qu’élément clé de la gastronomie locale, elles contribuent à préserver la richesse culturelle du pays. Au-delà de cette fonction, elles servent de canal de divertissement, de satire et de solidarité entre les femmes, à travers les chansons qu’elles y associent.

Stella Sawadogo

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