INTRODUCTION
La République Démocratique du Congo (RDC) se distingue par sa remarquable diversité linguistique, comptant entre 200 et 400 langues et dialectes. Cette pluralité linguistique constitue un précieux héritage culturel, profondément ancré dans le patrimoine congolais. Toutefois, des données récentes révèlent qu’une grande partie de la jeunesse congolaise ne parle plus ou ne maîtrise pas les langues autochtones, préférant largement le français et l’anglais. Cette glottophagie représente un véritable défi pour la préservation de l’identité culturelle du pays. Cet article examine les conséquences de ce phénomène de glottophagie sur la jeunesse congolaise.
IRRUPTION DE LA GLOTTOPHAGIE EN RDC
En linguistique on définit la glottophagie comme un processus par lequel une langue dominante ou supprime progressivement les langues locales ou minoritaires.
Comme de nombreux pays colonisés, la RDC a adopté le français comme langue officielle dès l’époque coloniale, une situation qui persiste après l’indépendance, malgré la reconnaissance du kikongo, lingala, tshiluba et du swahili comme langues nationales. Selon l’Observatoire de la Langue Française (OIF), en 2023, plus de 78% des 100 millions d’habitants de la RDC parlent français, ce qui en fait le deuxième pays francophone au monde en termes de locuteurs.
FACTEURS CONTRIBUANT A LA GLOTTOPHAGIE CHEZ LES JEUNES EN RDC
Trois facteurs principaux contribuent à la glottophagie en RDC, il s’agit de l’éducation, de la mondialisation et du marché de l’emploi. Le français est une exigence dans les domaines de l’éducation et de l’emploi, ce qui en fait un atout essentiel pour les jeunes. La mondialisation, avec son orientation vers les langues étrangères dans les nouvelles technologies et les médias, joue également un rôle crucial dans l’assimilation des autres langues. Ces facteurs contraignent les jeunes à utiliser fréquemment le français et l’anglais.
IMPACTS DE LA GLOTTOPHAGIE SUR LA JEUNESSE CONGOLAISE
Les impacts de la glottophagie sont multiples et peuvent être résumés en trois points principaux. Premièrement, il y a une perte d’identité culturelle et linguistique chez les jeunes. Les langues locales sont en voie de disparition car la plupart des jeunes ne les apprennent plus, entraînant la disparition des valeurs et de l’histoire culturelle.
Deuxièmement, il existe des conséquences psychologiques et sociales, avec une division sociale entre ceux qui s’expriment dans les langues autochtones et ceux qui privilégient le français ou l’anglais.
Troisièmement, la glottophagie conduit à une acculturation dans le sens où les jeunes assimilent de plus en plus la culture des langues dominantes. Nous pouvons donc dire que la jeunesse congolaise est dans un processus d’occidentalisation. Cette situation engendre plusieurs problèmes d’ordre éthiques et esthétiques.
CONCLUSION
La glottophagie représente une hémorragie chez les jeunes congolais. Les autorités et les organisations gouvernementales doivent s’engager activement dans la promotion des langues locales pour contrer ce phénomène. Il est nécessaire d’intégrer les langues locales dans les systèmes éducatifs et administratifs pour préserver la richesse linguistique et culturelle de la RDC.