Corruption au Mali : pourquoi la dynamique de lutte s’est-elle enlisée ?

Introduction

La corruption constitue, aujourd’hui, un fléau qui continue d’entraver le développement économique du Mali. L’essentiel des secteurs  vitaux du pays en sont atteints. Dans la dynamique de circonscription du phénomène, la méthodologie appropriée ne semble pas être à la disposition des acteurs. Malgré la pléthore des structures chargées de lutte contre la corruption, les résultats escomptés restent loin d’être atteints. L’inefficacité doit être recherchée au niveau du système d’inféodation de ces organes de contrôle aux politiques et à l’inexistence d’un mécanisme de saisine juridictionnelle pour ces organes après  les missions de contrôle.

Un système inefficace :

Au Mali, le niveau de corruption a atteint un record important. ‘’Plusieurs centaines de millions distraits au Mali’’, c’est ce qui ressort du dernier rapport du vérificateur général. Plus de 1,13 milliard d’euros aurait été dépensé, irrégulièrement, par les autorités maliennes entre 2005 et 2017 selon le ‘Monde Afrique’. Le phénomène empêche la croissance économique et détourne les fonds nécessaires à la santé, à l’éducation et bien d’autres secteurs sociaux de base. Il paralyse davantage un Etat en profonde crise politique et institutionnelle, qui du reste, est plongé dans un conflit armé multiforme depuis plus d’une décennie. Ce contexte a ,désespérément, inspiré en 2016 la création de la  « célèbre » plateforme de lutte contre la corruption ayant joué un rôle important à travers le système de dénonciation et  l’introduction des plaintes au niveau des juridictions compétentes en dépit de l’existence de nombreuses structures ou organisations de contrôle. Parmi celles-ci nous pouvons citer le contrôle général des services publics ; le Bureau du vérificateur général ; la section de comptes de la cour suprême et l’office de lutte contre l’enrichissement illicite.

La manifestation de l’inefficacité du système :

L’inféodation des organes de contrôle à l’exécutif entraîne deux conséquences majeures. Elle ralentie, dans un premier temps, le processus de saisine des tribunaux compétents pour la suite du processus. Dans un second temps, en cas de changement de régime, ce qui est très fréquent au Mali, le processus est, généralement, bloqué.

Les hésitations du président Amadou Touré en matière de transmission des rapports de contrôle aux juridictions et le coup d’Etat intervenu contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 ont porté un coup dur, par exemple, aux activités du Bureau du vérificateur général dont les rapports sont déposés sur la table du chef de l’Etat aux fins de suite donnée pour le démarrage de l’action judicaire.

Conclusion

Il est urgent d’engager des réformes profondes en matière des stratégies de lutte contre la corruption au Mali. Elles doivent aller vers la réduction des organes de contrôle. Elles doivent aller, également, dans le sens de « dépolitisation » des organes de contrôle. Ces organes doivent évoluer dans leurs activités en toute indépendance. Ils doivent être  dotés d’un mécanisme de saisine directe des juridictions compétentes pour la poursuite du processus concernant les prévenus sans une intervention de l’exécutif.

 

Ibrahima Harane Diallo

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