La mauvaise gestion des terres au Burkina Faso

Introduction

      Au Burkina Faso, la gestion des terres (foncière) malgré les innovations et les énormes efforts, demeure peu reluisante. Il est indéniable, investir sur la terre est durable et juteux d’où une ruée vers celle-ci. Cette course en vue de s’accaparer le maximum de terrains n’est pas sans effets fâcheux. Partant de là ; quelles sont les causes de cette mauvaise gestion des terres ? Quelles en sont les conséquences ? Comment atténuer ses impacts ? Dans les lignes qui suivent s’agira dans un premier temps, de développer les causes de la gestion calamiteuse du foncier. Dans un second temps, de tirer les conséquences qui en découlent. Pour finalement ; proposer des esquisses de solutions pour une bonne gestion foncière au Burkina Faso.

Les Causes de cette mauvaise gestion des terres (du foncier)

Jadis la terre ne saurait se vendre ; cette conception révolue de nos aïeux a laissé place à la terre est un bien à valeur vénale inestimable. La terre est donc de nos jours comparable au vin ; elle se bonifie au fil du temps. Or, sa gestion est peu dynamique. 

L’une des causes de cette mauvaise gestion des terres est la modification successive de l’arsenal juridique encadrant sa gestion. Cette modification ; suscitée par l’avènement de la démocratie, des programmes d’ajustements structurels, a donné naissance à trois propriétaires terriens : l’État, les collectivités territoriales et les particuliers. Chaque propriétaire jouissant du droit de propriété. Ces droits de propriété sont en réalité, de droit réel conférant toutes les prérogatives que l’on peut avoir sur un bien. Ces droits sont composés de trois éléments : l’usus (le droit d’user), l’abusus (le droit d’en disposer) et le fructus (le droit d’en percevoir les fruits).

La seconde cause est la possibilité qu’ont les terres rurales d’être sécurisées à travers l’attestation de possession foncière rurale. Cela a entraîné la floraison de plusieurs sociétés dites de promotion immobilière mais dont le clos de activités se limite plutôt à la promotion foncière avec pour corollaire une liquidation des terres rurales et semi-urbaines en particulier. 

Enfin, l’absence d’outils tels le fichier cadastral unique des parcelles pour tout le territoire national ne saurait faciliter une excellente gestion accès sur l’équité et l’égalité. Tous ces facteurs ont des conséquences certaines. Quels sont alors les réels impacts ?

 

Les conséquences de cette mauvaise gestion des terres (du foncier)

Les lacunes constatées dans la gestion des terres ont des conséquences embarrassantes. Nous énumérons, l’accaparement des terres par la minorité bourgeoise laissant ainsi  la masse sans son outil de survie. En effet, l’agriculture demeure l’activité principale des masses paysannes. 

Le deuxième effet périlleux est l’accroissement de l’affairisme éhonté c’est à dire une spéculation foncière inédite. Cela impacte sur les coûts des parcelles à usage d’habitation dont les prix sont permanemment exorbitants et inaccessibles par la masse très pauvre. Nous assistons par ricochet à l’avènement de personnes sans domicile fixe dans leur natal. 

De tout ce qui précède ; nous assistons alors, à une latence des frustrations entre les communautés menaçant ainsi la coexistence pacifique déjà mal en point du faite de l’hydre terroriste. Nous pouvons alors dire que le foncier au Burkina Faso dans sa gestion actuelle est une bombe à retardement. Comment alors désamorcer cette bombe pour éviter son explosion ?

Les solutions de cette mauvaise gestion des terres (du foncier)

     Réduite en spectateur, la masse privée de terres est incontestablement une menace pour le bon vivre ensemble. 

Pour pallier ces lacunes constatées, la révision des textes et lois foncières sonne comme une nécessité. En effet, l’État doit nécessairement reprendre en main la totalité de la gestion des terres en s’offrant tous les droits au-delà du droit de préemption (droit d’acheter avant tout autre). . Ainsi, la propriété exclusive des terres reviendrait à l’État qui organiserait judicieusement la promotion immobilière et/ou foncière.

   La seconde alternative est la mise en place de fichier cadastral unique. Alors ; disposant de la pleine propriété de ses terres avec à la clé des opérations de promotion immobilière et / ou foncière ; cet outil détectera les propriétaires de plusieurs parcelles (dans une même ville) et y retirer pour garantir l’accès à tous à la terre. 

Enfin, l’État gagnerait à rationaliser la gestion de ses terres en promulguant de nouveaux mécanismes de constructions. En effet, face à l’espace inextensible et la forte demande en logement encouragée par la forte natalité ; les cultures architecturales doivent évoluées. Alors, la construction en hauteur à travers le système des appartements déjà en vogue en Europe  doit se développer au pays des hommes intègres (bien-sûr en développant aussi des mécanismes pour la rationalisation et la disponibilité de l’eau et l’électricité). 

De telles perspectives mises en œuvre judicieusement peuvent incontestablement désactiver cette bombe foncière.

 

Conclusion

     La gestion des terres (foncière) au Burkina Faso au regard de quelques lacunes inhérentes aux des textes en vigueur, de la récentes mises en valeur des terres rurales et semi-urbaines et de la mauvaise foi de plusieurs acteurs est peu reluisante. En dépit de ces tristes constats et dont les conséquences sont drastiques car ayant un impact certain sur la cohésion sociale ; la gestion des terres peut connaître des améliorations significatives. Ainsi, des mesures révolutionnaires et innovantes telles la reprise du contrôle total des terres par l’État ; la conception d’un fichier unique cadastrale et à jour et la revue des méthodes de constructions feraient de la gestion foncière au Burkina Faso une école.

 

Justin Segueda Sidnoma

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