Joking Kinship

La parenté à plaisanterie, vecteur de la cohésion sociale au Burkina Faso !

Introduction


Situé au cœur de l’Afrique occidentale, le Burkina Faso est composé d’une soixantaine d’ethnies qui cohabitent par des échanges multiformes et fonctionnent de façon harmonieuse. Cependant l’avènement de la crise sécuritaire tend à fragiliser le tissu social et rend ainsi la cohabitation difficile. C’est pourquoi la parenté à plaisanterie est de plus en plus prisée pour consolider les liens entre les différentes communautés.

La parenté à plaisanterie est une pratique sociale qui s’exerce entre les communautés ethnolinguistiques pour promouvoir la fraternité, la solidarité et la convivialité. Elle prend la forme d’un jeu verbal et gestuel caractérisé par des taquineries sous forme d’injures. Cela se passe généralement entre deux personnes ou des groupes d’individus appartenant à deux communautés différentes. Elle est fréquente entre les  »mossi et les samo »,  »les bissa et les gurunsi »,  »les senoufo, les dagara, et les lobi »,  »les bobo et les peulh ». Par exemple, les ethnies  »mossi » traitent les  »samo » de voleurs de  »zoom kom », une boisson locale relevant de la spécialité des  »mossi ». Ces échanges résultent souvent d’un pacte ancestral interdisant les conflits ou les guerres entre les communautés en question, et implique que ses membres doivent s’aimer et se porter mutuellement assistance si nécessaire. En effet, à travers le divertissement, la parenté à plaisanterie utilise les liens de parenté pour dédramatiser les situations chaotiques et jouer sur un savoir-faire pour faire savoir ce qui fut ou ce qui est. C’est aussi un moyen efficace pour valoriser les différentes cultures et lutter contre les formes de stigmatisation et de discrimination.


Un moyen  d’intégration des personnes déplacées internes

L’insécurité qui sévit dans le pays pousse les habitants à se déplacer de leurs localités vers les villes qu’ils jugent paisibles. La parenté à plaisanterie est un grand atout pour favoriser leur intégration sociale, car elle révèle un vécu partagé, une histoire commune. Elle permet de créer un esprit de patriotisme. Ce qui contribuera au développement des actions de solidarité et d’entraide, à l’instauration d’une relation de confiance et à briser la glace entre les populations autochtones et les personnes déplacées internes. Cette symbiose entre les ethnies est un moyen de cultiver un climat d’amour et de vivre dans un climat paisible.

Conclusion
La parenté à plaisanterie est une valeur culturelle perpétrée de génération en génération au Burkina Faso. C’est une pratique qui valorise, non seulement la diversité culturelle, mais prône aussi la bonne entente entre les différents peuples. Elle est donc un levier de développement, en ce sens qu’elle participe à la construction d’une nation paisible et solidaire.

Stella Sawadogo

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