Jeudi 18 avril, le président nigérian Muhammadu Buhari a promulgué la loi de 2019 sur l’abrogation et l’adoption du salaire minimum. Cette loi portera le salaire minimum mensuel du pays de 18 000 nairas à 30 000 (98 dollars). Elle prend des effets immédiats à la fois dans les secteurs publics (c’est-à-dire les industries sous contrôle direct du gouvernement) et les secteurs privés (c’est-à-dire les industries non sous contrôle direct du gouvernement).
POURQUOI CETTE LOI EST-ELLE NÉCESSAIRE?
La loi mérite d’être célébrée comme une victoire clé pour les travailleurs nigérians. Le Nigéria a la plus grande économie d’Afrique et son économie dépend largement de l’industrie pétrolière.
Bien que l’économie nigériane se remette de la récession avec la récente hausse du prix du pétrole, le pays peine toujours à améliorer le niveau de vie. Selon l’horloge mondiale de la pauvreté, le Nigéria comptait 87 millions de personnes en situation d’extrême pauvreté (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,9 dollar par jour) en 2018, le plus grand nombre au monde. L’augmentation du salaire minimum jouera un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté.
QUE SIGNIFIE CELA POUR LES TRAVAILLEURS?
Bien que les efforts du président Muhammadu Buhari soient louables, davantage peut être fait à l’avenir. Premièrement, il est essentiel de veiller à ce que la loi soit bien appliquée, car cela affectera la capacité de la nouvelle loi à réaliser pleinement son potentiel d’amélioration des revenus. Elle oblige les autorités à appliquer des sanctions légales, telles que des amendes, aux employeurs s’ils ne respectent pas le salaire minimum.
Des voix appellent également à une augmentation plus importante du salaire minimum. Lorsque les syndicats ont déclenché la grève l’année dernière, ils ont d’abord demandé une augmentation du salaire minimum à 50 000 nairas. De plus, tous les travailleurs nigérians ne peuvent pas bénéficier de la loi car elle ne s’applique pas aux petites entreprises de moins de 25 employés.
Augmenter le salaire minimum ne suffit pas. Un autre facteur clé de la pauvreté au Nigéria est le taux de chômage élevé. Milton Friedman, un économiste américain, a fait valoir que l’augmentation du salaire minimum augmenterait le taux de chômage car certaines entreprises ne peuvent pas se permettre de payer tous les travailleurs.
Malgré cela, la nouvelle loi vaut toujours la peine. Après tout, cela peut améliorer le niveau de vie de ceux qui travaillent et, plus important encore, les entreprises s’adapteront à long terme. Pourtant, il doit aller de pair avec des mesures visant le chômage. Développer des secteurs non pétroliers pour diversifier l’économie (c’est-à-dire pour développer un éventail plus large d’industries) est un moyen possible de créer plus d’emplois.
Sur une note positive, il reste encore beaucoup à attendre. Le président Muhammadu Buhari a montré la volonté politique d’augmenter les revenus des Nigérians. Des politiciens comme le gouverneur élu Ahmad Fintiri ont promis de relever encore le salaire minimum mensuel à 32 000 nairas. Ainsi, il ne sera pas surprenant que le salaire minimum soit encore augmenté ou étendu aux employés des petites entreprises dans un proche avenir.
La nouvelle loi fournit une base solide pour la mise en œuvre d’autres mesures de réduction de la pauvreté. Alors que le Nigéria a encore un long chemin à parcourir avant d’éliminer l’extrême pauvreté, jusqu’à présent, les raisons de rester optimistes ne manquent pas.