Introduction
Les ruines en briques rouges de l’ancienne église de Palapye s’élèvent avec une dignité silencieuse un rappel d’une grande ambition restée inachevée. De manière similaire, le système éducatif du Botswana se dresse solidement dans sa structure, mais manque d’abri. Nous avons des diplômes mais aucun chemin clair, du savoir mais peu de pouvoir.
Nous sommes éduqués, mais sommes-nous autonomisés ? « Il ne faut pas être un génie pour comprendre l’idée : investissons dans notre peuple, et il construira. » Cette citation, partagée lors d’un débat en ligne, résonne avec le vieux rêve botswanais d’un accès gratuit et équitable à l’éducation, de l’école primaire jusqu’à l’université. Grâce à nos richesses diamantifères, nous avions imaginé former des innovateurs et des créateurs d’emplois. Mais aujourd’hui, alors que les revenus du diamant diminuent, les fissures de cette promesse deviennent de plus en plus visibles. Où est le retour sur investissement ?
L’argument de « l’investissement gâché »
Certains sont frustrés. Ils affirment qu’en dépit de décennies de dépenses publiques, les diplômés sont plus enclins à se plaindre du chômage qu’à créer des opportunités. Un discours de passivité s’est installé : on attend un emploi du gouvernement au lieu d’innover. Conclusion ? Ce n’est pas l’éducation qui nous a échoués, c’est nous qui avons échoué à l’utiliser.
La réalité : un système qui forme mais ne transforme pas
Mais une jeune femme a proposé une lecture plus profonde : « Notre système éducatif ne forme pas des personnes capables de résoudre des problèmes. » De nombreuses initiatives portées par des jeunes émergent en dehors des salles de classe : apprentissages en ligne, projets communautaires, mentorats — accessibles seulement à une minorité chanceuse. Les opportunités ne sont pas réparties équitablement. Les plateformes sont rares. Et la passion, seule, ne suffit pas lorsqu’elle ne paie pas les factures. Alors on revient aux voies familières : les emplois publics, la recherche d’emploi.
Ma réflexion : entre frustration et réalité
Ces points de vue opposés m’ont poussé à réfléchir. En tant qu’étudiante en sciences sociales, je me suis rendu compte que je n’étais pas simplement spectatrice du débat j’en fais partie. Suis-je formée à résoudre les problèmes de mon pays, ou simplement à attendre un emploi ? Puis-je commencer à changer les choses, non pas seulement une fois embauchée, mais dès maintenant ?
Le TVET comme toit à construire
Le gouvernement réagit. Le Botswana repositionne l’enseignement et la formation techniques et professionnels (TVET) comme moteur d’innovation, d’entrepreneuriat et de durabilité. Autrefois considéré comme un choix par défaut, le TVET est désormais présenté comme un tremplin pour les bâtisseurs et les créateurs.
Conclusion
Nous devons dépasser l’idée que l’éducation seule suffit. L’exposition, le mentorat et les systèmes de soutien solides sont essentiels. Les initiatives portées par les jeunes ne doivent pas être vues comme de la charité, mais comme de véritables solutions à échelle. La résolution de problèmes est une compétence qui peut être enseignée, encouragée et récompensée. Le véritable retour sur investissement de l’éducation au Botswana ne se mesurera pas aux certificats obtenus, mais à l’impact que les diplômés seront capables de produire. Alors peut-être que la vraie question n’est pas : « Pourquoi les jeunes ne résolvent-ils pas les problèmes ? » mais plutôt : « Pourquoi ne leur avons-nous pas donné les outils pour construire ? »
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