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Women discussing ways to combat climate change. Photo credit - AI Generated

Le leadership féminin dans la lutte contre le changement climatique

Introduction

La crise climatique exige un leadership diversifié, pourtant les femmes demeurent sous-représentées malgré leur efficacité prouvée dans la mise en œuvre de solutions durables. À l’échelle mondiale, les femmes subissent des impacts climatiques disproportionnés — elles représentent 80 % des personnes déplacées par le climat — tout en étant à la tête de certaines des initiatives d’atténuation et d’adaptation les plus innovantes. Leur exclusion des sphères décisionnelles constitue à la fois une faute morale et une erreur stratégique dans la lutte contre les changements climatiques.

 

Preuves à l’échelle mondiale

Les recherches montrent de façon constante que la participation des femmes à la gouvernance climatique produit de meilleurs résultats. Les pays où les femmes occupent au moins 30 % des sièges parlementaires adoptent des politiques climatiques plus strictes, obtenant une réduction des émissions supérieure de 12 % à la moyenne mondiale. Les villes dirigées par des femmes affichent des performances de durabilité nettement plus élevées : les maires femmes ont supervisé des réductions d’émissions de 22 % dans les grandes agglomérations — soit presque le double de leurs homologues masculins. Le secteur privé reflète cette tendance. Les entreprises à direction paritaire sont 50 % plus susceptibles d’investir dans les énergies renouvelables et de mettre en œuvre des pratiques d’économie circulaire. Les entreprises dirigées par des femmes accordent une priorité beaucoup plus grande à la durabilité, démontrant ainsi que le leadership inclusif accélère la transition verte. Pourtant, les obstacles persistent : les femmes occupent moins d’un quart des sièges parlementaires liés au climat à l’échelle mondiale, et dirigent seulement 15 % des délégations lors des grands sommets climatiques.

 

Le leadership local des femmes africaines

En Afrique, les femmes sont en première ligne de la résilience climatique, tout en affrontant des inégalités structurelles. Produisant 70 % de la nourriture du continent, elles ne possèdent que 15 % des terres agricoles — un écart qui alimente pourtant l’innovation. En Ouganda, des collectifs de femmes ont adopté l’irrigation solaire, augmentant les rendements agricoles de 40 % tout en réduisant la consommation d’eau. Au Sénégal, des femmes ont restauré 12 000 hectares de terres dégradées grâce à l’agroforesterie, permettant de séquestrer 60 000 tonnes de CO₂ par an et d’augmenter les revenus des ménages. Les initiatives d’énergie propre illustrent également ce potentiel. Les entreprises solaires dirigées par des femmes affichent des taux de fidélisation de la clientèle supérieurs de 35 %, grâce à des solutions adaptées aux besoins locaux. Au Malawi, le réseau Solar Sister, fort de 8 000 femmes, a électrifié un demi-million de foyers ruraux. Malgré ces succès, moins de 0,01 % du financement climatique est alloué aux projets dirigés par des femmes, freinant leur montée en échelle.

 

Progrès politiques et lacunes persistantes

Le Cameroun illustre à la fois les avancées et les défis d’application. Sa politique climatique sensible au genre réserve 30 % des postes décisionnels et 15 % des fonds climatiques aux femmes, en s’appuyant sur des modèles communautaires comme le programme de conservation forestière de CAMGEW, qui a permis d’autonomiser 1 200 femmes tout en protégeant des écosystèmes critiques. Pourtant, 78 % des agricultrices restent exclues des financements d’adaptation en raison de l’accès limité à la propriété foncière, révélant un décalage entre la politique et la pratique.

 

Conclusion

Pour exploiter pleinement le potentiel du leadership féminin en matière climatique, trois mesures essentielles doivent être mises en œuvre. La représentation obligatoire par des quotas de genre dans la gouvernance climatique, comme en témoigne le succès du Rwanda, afin que les perspectives des femmes façonnent les politiques. La mise en place de mécanismes de financement ciblés, pour acheminer directement les ressources vers les initiatives dirigées par des femmes et combler les disparités actuelles. L’intégration des savoirs autochtones aux approches scientifiques, afin de développer des solutions plus robustes et mieux adaptées aux réalités locales. La crise climatique est trop urgente pour que la moitié de l’humanité en soit exclue. Rehausser le rôle des femmes dans l’action climatique dépasse la simple équité : c’est une nécessité stratégique pour élaborer des solutions complètes et durables. La transformation systémique doit commencer dès maintenant pour libérer ce potentiel inexploité et bâtir un avenir plus résilient pour tous.

Trèsor Daniel Mefire

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