Introduction

La fistule obstétricale est une communication anormale entre le vagin et la vessie ou le rectum. Elle survient généralement après un accouchement difficile et provoque des fuites incontrôlables d’urine ou de matières fécales. Les femmes qui en souffrent sont souvent victimes de stigmatisation, de rejet, d’abandon, d’exclusion, de honte, voire de suicide. Pourtant, il s’agit d’un problème de santé évitable et curable. Au Cameroun, 78,9 % des femmes atteintes de fistule sont en quête de traitement, tandis que seulement 17,4 % de celles présentant des symptômes sont opérées. La Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, célébrée le 23 mai sera une nouvelle occasion de sensibiliser à cette maladie.

Causes 

La principale cause de la fistule obstétricale est l’accouchement difficile. Cela se produit lorsque le bébé ne parvient pas à sortir en raison de sa taille trop importante par rapport au bassin de la mère, ou parce que le bassin est trop étroit pour un bébé de poids normal. Le travail devient alors prolongé, et la tête du bébé exerce une pression sur les tissus de l’appareil urinaire, notamment la vessie. Lorsque ces tissus sont comprimés trop longtemps, ils ne sont plus irrigués par le sang, ce qui entraîne leur nécrose. Quelques jours plus tard, cette nécrose provoque une ouverture anormale entre les organes, appelée fistule.

Facteurs de risques

Parmi les principaux facteurs de risque figurent les mariages précoces, qui entraînent souvent des grossesses précoces. Le corps des jeunes filles n’étant pas encore suffisamment développé, elles rencontrent souvent des complications lors de l’accouchement, ce qui peut entraîner une fistule. La pauvreté est un autre facteur aggravant : les femmes pauvres ont souvent un accès limité aux soins de santé. Toutefois, la fistule ne touche pas uniquement les femmes démunies ; toute femme confrontée à un accouchement difficile mal pris en charge est à risque.

Traitement

Le traitement de la fistule obstétricale repose sur trois volets. Le volet médico-chirurgical, qui consiste à réparer la fistule par une intervention chirurgicale. La prise en charge psychosociale, afin d’aider la femme à retrouver confiance en elle. La réinsertion socio-économique, pour lui permettre de se reconstruire et de retrouver une vie active.

Prévention

La prévention reste le moyen le plus efficace pour éradiquer la fistule obstétricale, au Cameroun comme ailleurs. Il est essentiel de mettre fin aux mariages et grossesses précoces. Ensuite, une prise en charge adéquate de la grossesse et de l’accouchement est cruciale. Les femmes doivent accoucher en présence de personnels de santé qualifiés, capables d’identifier à temps les grossesses à risque.

Conclusion 

Pour éradiquer la fistule obstétricale, une approche intégrée s’impose : renforcer les systèmes de santé avec des centres spécialisés et du personnel formé, appliquer strictement les lois contre les mariages précoces, et sensibiliser les communautés pour briser les tabous. La coopération internationale et l’engagement politique sont essentiels. Chaque action compte pour offrir aux femmes une vie digne et sans stigmatisation.