Introduction
L’Afrique, continent de l’innovation agile, se trouve à l’aube d’une révolution silencieuse : le Web3. Alors que le Web1 offrait des pages statiques et le Web2 a démocratisé les réseaux sociaux et les géants centralisés (Facebook, Google), le Web3 promet un internet décentralisé, transparent et autonome. Mais quels sont ses enjeux pour l’Afrique, futur acteur stratégique du numérique mondial ?
Web3, Web2, Web1 : comprendre la révolution
Web1 (1990-2004) : Lecture seule. Des sites statiques (exemple : Wikipédia) qui ne proposent pas d’interaction avec les utilisateurs. Web2 (2004-2020) : Lecture + Écriture. Des plateformes sociales (Facebook, youtube) où l’utilisateur créé du contenu mais les données sont contrôlées par des intermédiaires. Web3 (2020+) : Lecture + Écriture + Possession. Grâce à la blockchain (technologie de stockage et de transmission d’informations sous forme de blocs sécurisés et reliés entre eux, sans besoin d’un intermédiaire permettant d’enregistrer des transactions de manière transparente, infalsifiable et décentralisée), les utilisateurs possèdent leurs données, participent à des écosystèmes décentralisés (DAO, NFT, cryptomonnaies) et suppriment les tiers (banques, géants tech).
Web3 en Afrique : quatre enjeux stratégiques
Inclusion financière
Avec 320 millions d’Africains non bancarisés, les cryptomonnaies (comme le Bitcoin au Nigeria ou le e-CFA, projet de monnaie numérique pour les pays de l’UEMOA) en Afrique de l’Ouest offrent un accès à l’épargne, aux crédits et aux transferts transfrontaliers low-cost. L’on a l’exemple du bitpesa au Kenya qui réduit les frais de transfert de 90%.
Souveraineté numérique
Le Web3 permet aux États de reprendre le contrôle. Le Sénégal explore une monnaie digitale nationale, tandis que la blockchain sécurise les titres fonciers au Ghana, luttant contre la corruption.
Création de richesse
Les NFT (jetons non fongibles) valorisent l’art africain. La plateforme Mara (Nigeria) forme des développeurs Web3, et Jumia intègre les paiements en crypto.
Défis à surmonter
Régulations floues (exemple : interdiction des cryptos au Maroc en 2023), manque d’infrastructures (énergie : électricité, technologie : internet haut débit), et méfiance culturelle envers les actifs virtuels.
L’Afrique, futur Hub du Web3 ? Trois scénarios clés
Le leadership des jeunes
60% de la population africaine a moins de 25 ans. Des startups comme Africrypt (Afrique du Sud) ou Bundle (Nigeria) attirent des millions de dollars, stimulant l’entrepreneuriat technologique.
Collaborations panafricaines
L’initiative Lelapa (Afrique du Sud) promeut une IA décentralisée en langues locales. Le SADC envisage une crypto régionale pour booster le commerce intra-africain.
Risques de dépendance
Sans régulations adaptées, le Web3 pourrait reproduire les travers du Web2 : exploitation des données par des acteurs étrangers (exemple : projet chinois en Éthiopie).
Conclusion
L’Afrique n’a pas raté le Web2. Elle peut dominer le Web3. Pour cela, il faut : éduquer (former aux métiers de la blockchain), réguler (cadres légaux flexibles), et collaborer (partenariats public-privé). Le Web3 n’est pas une mode : c’est une chance de réinventer l’économie, la gouvernance et la culture africaine. Et si l’avenir du numérique s’écrivait en Afrique ?
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