A husband supporting his wife who is experiencing infertility. Photo credit - Getty Images

Femmes et infertilité en Afrique subsaharienne

Introduction

En Afrique, précisément en Afrique subsaharienne, les femmes souffrent de plusieurs problèmes socioculturels et sanitaires les empêchant de s’affirmer à tous les points de vue. L’un des problèmes est l’infertilité qui touche 16,4% de la population de l’Afrique subsaharienne, taux le plus élevé au monde. Le présent article se penche sur l’origine de l’infertilité, son impact sur les femmes et la société. L’article n’occulte pas non plus l’état actuel des recherches scientifiques sur cette problématique.

 

Définition des concepts 

Pour appréhender la problématique d’infertilité, il est nécessaire de clarifier deux concepts : Afrique subsaharienne et infertilité. Le premier renvoie aux pays d’Afrique situés au sud du Sahara ; il s’agit entre autres du Niger, Burkina Faso, Mali, Zibabwé, Sénégal, Tchad. Le second peut être entendu comme l’aptitude d’un être humain à se reproduire, c’est-à-dire à faire des enfants. Souvent, dans les couples africains, les femmes transportent le fardeau de l’infertilité même si elles n’en souffrent pas, parce que les sociétés africaines ont développé une simple technique de soigner l’infertilité : faire porter le chapeau de cette maladie aux femmes sans s’interroger sur son origine réelle.

 

L’infertilité féminine : une malédiction divine ?

L’Afrique subsaharienne a, à la fois, les taux de fécondité et d’infertilité les plus élevés au monde. S’agit-il d’une malédiction divine ? Il est de coutume, dans cette partie de l’Afrique, d’attribuer l’origine de l’infertilité aux forces surnaturelles. Lorsqu’une femme traîne à avoir rapidement un enfant, ses proches pointent du doigt la malédiction divine (« Dieu a fermé son utérus à cause d’un péché passé » comme l’avortement) ou la méchanceté des forces démoniaques. Cependant, il est rare d’attribuer l’origine de l’infertilité au dysfonctionnement organique ou anatomique des organes procréateurs de la femme ou de l’homme. Au lieu d’effectuer des examens médicaux, les femmes africaines préfèrent consulter des marabouts pour se désensorceler ou se traiter auprès des tradipraticiens non professionnels, qui les dépouillent subtilement de leur économie et profitent sexuellement de leur vulnérabilité. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne, les forces mystiques interfèrent dans la procréation des couples. Ces forces sont parfois commandées par des puissants sorciers souvent sollicités par des proches des couples, qui veulent les voir malheureux par jalousie et qui travaillent avec acharnement dans l’ombre pour empêcher toute tentative d’avoir une grossesse.

 

Le regard de la société sur l’infertilité des femmes

La société africaine, précisément l’Afrique subsaharienne, n’apprécie guère l’infertilité. Elle porte un regard désapprobateur sur les femmes infertiles. Ceci dit, le regard social porté sur l’infertilité a un impact d’abord sur les femmes qui en souffrent. Elles font l’objet des railleries, elles sont écartées des femmes fécondes et se voient refuser le service des enfants prétextant qu’elles doivent avoir les leur. Pire, elles sont battues par leurs maris ou leurs proches. Pour s’échapper au calvaire, elles sont prêtes à dépenser leur économie et à prendre tous les risques pour avoir au moins un enfant même si celui-ci doit mourir par la suite. Là encore, le sexe de l’enfant compte : les communautés africaines ont de préférence pour le sexe masculin. Ensuite, l’impact de l’infertilité s’observe également sur la société. Dans le contexte africain, l’enfant occupe une place centrale dans l’imaginaire collectif, dans la solidité des couples et dans la solidarité entre communautés. Autrement dit, un couple qui n’a pas d’enfants est mal vu et écarté lorsque l’on traite des questions sociales. Du coup, la société devient répressive, discriminatoire et fermée vis-à-vis des femmes souffrant d’infertilité. Et cela crée sans nul doute des crises et des fissures sociales en son sein.

 

Infertilité et état actuel des recherches scientifiques 

Jusqu’à ce jour, de nombreuses recherches scientifiques (sciences biologiques, médecine, sciences sociales) se sont saisies de l’infertilité en Afrique comme une problématique réelle. Les résultats de ces recherches sont légion et mitigés bien que des avancées sont observées. Cette question est toujours d’actualité : l’infertilité est-elle un fait biologique ou un fait social ? Évidemment, il y a encore d’efforts à faire, surtout en médecine, pour exposer aux couples désirant avoir d’enfants les opportunités à saisir et les enjeux liés à cette problématique cruciale à l’ère où l’infertilité n’est plus un problème essentiellement des femmes mais aussi des hommes.

 

Conclusion 

Tant que l’infertilité n’est pas saisie comme un fait social et un problème de santé de reproduction, qui concerne les femmes et les hommes, les femmes d’Afrique subsaharienne continueront de subir la fatidique foudre de l’injuste discrimination liée à l’infertilité qu’elles n’ont pas souvent sollicitée, mais qui leur est imposée par la nature ou la volonté des êtres humains habités par des mauvais esprits. Pour atténuer leur souffrance, il est salutaire que des politiques de la santé de reproduction et des recherches scientifiques soient menées avec plus d’engagement sur le terrain que dans les discours.

 

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Domwa Fonretouin

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