INTRODUCTION
Ils se font de plus en plus rares dans l’espace médiatique urbain, mais ils ont néanmoins laissé une marque indélébile dans l’imaginaire collectif ivoirien. Nous voulons bien sûr parler des Ziguehis. Personnage incontournable des années 1980 et initiateur du premier mouvement urbain ivoirien. Admiré des uns, détesté par certains, craint par les autres, le mouvement ziguehi va s’implanter dans toutes les couches de la culture ivoirienne. Passons en revue l’héritage culturel que nous a légué le mouvement ziguehi.
Personnage emblématique
Né dans les rues d’Abidjan à partir de 1980, le ziguehi est présenté le plus souvent comme un homme qui se distingue par son attitude rebelle, un langage à part, le nouchi et un style vestimentaire bien à lui qui rappelle celui des gangsters américains. Grand amateur de film d’action, le ziguehi aime les arts martiaux, la bagarre, les combats de rue. On le reconnait aussi par sa forte masse musculaire, il veut ressembler à ses idoles : Bruce Lee, Chakie Chan, Jean Claude Van Damm… Le ziguehi à ses propres champions, les fameux John Pololo, Apollo, Grand Vegas, Blokus qui ont fait parler d’eux à travers fables et récits. C’est ce personnage à l’origine de ce mouvement qui va influencer à jamais la culture ivoirienne.
Héritage et marque indélébile
Dès sa création, le mouvement Ziguehi fascine au point de vulgariser le nouchi, le langage de la rue, son parler à lui par toutes les couches socio professionnelles du pays. Même s’il faut préciser que les Ziguehis ne peuvent à eux seuls réclamer la paternité du nouchi, grâce à leur apport cet argot fait aujourd’hui partie de l’identité de l’Ivoirien.
Des Gros Bras dans la musique
Le mouvement Ziguehis c’est aussi des groupes musicaux emblématiques qui vont aider à accroitre sa popularité. On peut citer entre autres le groupe RAS, le Yang System, l’iconique Gor la montagne. Ces groupes ont aidé à promouvoir non seulement le mouvement, mais aussi à faire émerger la culture hip hop. À ce niveau-là on peut dire que les artistes ziguehi sont les précurseurs du mouvement rap/hip-hop en Côte d’Ivoire. Après la chasse aux sorcières lancée contre eux à partir de 1999, plusieurs zigues vont s’exiler en Europe. Le vieux continent découvre alors lui aussi le ziguehi sous une forme plus moderne.
Aujourd’hui encore des plusieurs rendent hommage à ces caïds de la rue comme le rappeur Fireman et son célèbre concept du Ziguehi trop ou encore le groupe Kiff no beat et leur titre Gor la Montagne.
En littérature et même en BD.
En Côte d’Ivoire, nombreux sont les auteurs qui se sont inspirés du mouvement ziguehi dans leurs ouvrages. Ainsi la célèbre bande dessinée « ’ Gnamankoudji Zekinan » publiée par le journal Gbich et qui raconte les péripéties d’un ziguehi est très appréciée des Ivoiriens.
Ziguehi image de marque
Symbole de force de puissance et de respect, l’image du ziguehi a été utilisée plus d’une fois dans le secteur de la publicité. Ainsi la célèbre marque de bière ivoirienne Bock » la boisson de l’homme fort » a pour mascotte un ziguehi, du nom de Zeus Darius. Très récemment après le troisième sacre de l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des nations de football. La fédération ivoirienne sort un maillot supporter trois étoiles arborant le nom d’éléphant ziguehi, tout un symbole.
Conclusion
L’héritage des Ziguehis continue de se faire sentir aujourd’hui, et ils sont considérés comme des pionniers de la culture urbaine ivoirienne. Au départ guerrier de la rue, ils ont su marquer durablement l’histoire de la Côte d’Ivoire.