Introduction
En Afrique, la tradition résonne profondément dans la culture et la société. Bien qu’elle puisse entrainer certaines dérives politiques, son potentiel pour revitaliser la gouvernance reste largement inexploité. Dans cet article, nous montrerons comment valoriser ses aspects positifs tout en évitant les négatifs.
La tradition, un allié pour une gouvernance en Afrique
La tradition africaine est imprégnée de valeurs telles que la justice, la solidarité et le respect des aînés. En canalisant ces valeurs vers la sphère politique, elle peut contribuer à la gouvernance, à travers :
- Résolution des conflits : les chefs traditionnels jouissent d’un grand respect, ce qui leur confère un rôle dans la gestion des conflits. On parle ainsi de justice transitionnelle pour suppléer aux limites de la justice moderne.
- Stabilité institutionnelle : les systèmes traditionnels sont plus durables. S’en inspirer peut renforcer l’adhésion et le respect des lois et institutions.
- Légitimité populaire : les principes de consultation communautaire et de prise de décision participative renforcent la légitimité des institutions gouvernementales et encouragent le sentiment de responsabilité au sein de la population.
- Inclusion : elle permet de consulter différents acteurs comme les anciens, les chefs, les clans et les membres de la communauté, pour une gouvernance plus inclusive.
Impact politique négatif de la tradition
Certaines pratiques traditionnelles peuvent entrer en conflit avec les normes démocratiques et les droits de l’homme. Par exemple :
- Rigidité des classes sociales : dans de nombreuses sociétés africaines, les privilèges sont réservés à certaines catégories par le droit de la naissance. Cela est source de discrimination et d’exclusion en accroissant les inégalités.
- Le clanisme et le tribalisme : les affiliations claniques et tribales au sein des partis politiques sont des facteurs de division et de conflits interethniques. Aussi, elles ne favorisent pas une politique fondée sur les idées et programmes politiques.
- L’autoritarisme et sacralisation du pouvoir : dans certaines traditions, le pouvoir est despotique, à vie et se transmet de père en fils. Cela peut occasionner une patrimonialisation du pouvoir, les règnes à vie, les abus de pouvoir.
- Les conflits de genre : les normes patriarcales peuvent limiter la participation des femmes en les reléguant à des rôles domestiques.
Perspective pour mettre à contribution la tradition
Pour que la tradition contribue au renforcement de la gouvernance en Afrique, il importe de réinterpréter certaines pratiques pour les adapter à la modernité. Il faut surtout valoriser les aspects qui favorisent l’inclusion et l’égalité entre les membres de la société. La justice transitionnelle, l’arbre à palabre, la parenté à plaisanterie… sont autant de mécanismes à valoriser. Enfin, il faut promouvoir la diversité culturelle et intégrer des initiatives de développement de la tradition dans les programmes scolaires.
Conclusion
En somme, rediriger la tradition en Afrique pour dynamiser la gouvernance représente un défi passionnant mais complexe. En valorisant les pratiques inclusives et démocratiques, nous pouvons œuvrer pour une gouvernance plus équitable, inclusive et dynamique sur le continent africain.