African cities picture by unsplash

L’état de l’air atmosphérique dans les villes africaines : un aperçu sur la qualité

Introduction

Les villes africaines sont celles ayant connu sur les cinquante dernières années un boom vertigineux en termes de croissance démographique. Les projections sur la question renseignent sur ce que la proportion des personnes habitant une ville en Afrique atteindra 58.9% en 2050. Si cette urbanisation dessert la santé économique en  ceci qu’elle représente environ 30% de la croissance du PIB par an et par habitant, il est à relever que la donnée sur la salubrité de l’environnement est un marqueur de la qualité de l’urbanisation. En Afrique, contrairement à une bonne partie du monde, un aspect de l’urbanisation dont on connaît prosaïquement les méfaits est la mauvaise qualité de l’air extérieur; le mauvais air serait en fait un tueur silencieux à la voracité mal estimée. Nous suggérons dans cet article de faire le tour de la question en  présentant les limitations de nos systèmes qui concourent à cet état de choses ainsi que le risque potentiel que cela fait peser sur nous individus. 

    

La gestion de la qualité de l’air de nos cités : un cliché évocateur de la gestion de nos Etats.

A l’image de notre situation de développement, les villes d’Afrique comme celles du reste des pays du tiers-monde peinent encore à accorder objectifs économiques et la durabilité du développement.  Nos pays n’arriment pas assez efficacement les enjeux d’industrialisation à la place de la sécurité de l’homme censé pourtant être le cœur même de cette industrialisation ; un paradoxe ! Non arrimage Accentué dans un contexte de changement climatique ! car d’autres avant nous ont amorcé la dégradation du climat dont nous en supportons bien plus les effets du fait de notre localisation géographique. 

Nos gouvernements tenus par les obligations de performances économiques négligent à plusieurs égards cette question par la non mise sur pied des instruments juridiques efficaces, ou bien quand ils existent, ils pâtissent soit de l’absence d’une ressource humaine de qualité pour l’implémenter, soit du manque de l’outil de control et de mesure approprié comme des centres de contrôle de la qualité de l’air pour s’assurer de l’état de notre situation vis-à-vis des standards. C’est ce manque qui explique qu’alors que les références fixant le taux de rejet dans l’air des particules fines, des oxydes de carbone (COx) et des oxydes d’azote (NOx) en occident baissent cruellement années après années pour les engins motorisés utilisant des sources d’énergies fossiles, l’importation de véhicules de seconde main devenus hors d’usage ailleurs bat son plein ici. C’est aussi entre autres faits notables l’existence des complexes industriels anarchiquement localisés  aux rejets incontrôlés, les feux domestiques, les déchets urbains brûlés. à côté de cette pollution  humaines  la pollution aux particules contenues dans l’air venu du désert qui mêlé à la première et couplé à des conditions physico-chimiques comme un fort taux d’ensoleillement permanent  maintiennent les taux de pollutions de l’air extérieur aux particules à un niveau très élevé (3 à 15 fois en moyenne au-dessus des normes OMS) dans les villes subsahariennes comme Dakar, Bamako, Ouagadougou, Niamey. Un véritable désastre. 

 

L’air dans nos cités un enjeu sanitaire et écologique peu considéré. 

La prise de conscience sur le problème de la qualité de l’air tarde encore à émuler. Alors qu’il est connu depuis longtemps que les flux de populations empiètent sur l’environnement, notre mobilisation semble pour le moins très hésitante au vu des enjeux. Une étude récente menée par Catherine Liousse, directrice de recherches au CNRS, a révélé que sur les 54 états qui constituent le continent seuls 19 disposent des systèmes appropriés de surveillance de la qualité de l’air. Ce manque d’outil d’accès à l’information est un handicap qui prive nos autorités d’un instrument de décision. Les conséquences sont bien évidentes : N’djamena serait d’après cette étude la ville la plus polluée du monde avec des taux de particules fines dans l’air environ 17 fois supérieure à la norme OMS. Cette pollution de l’air extérieur selon l’OMS serait responsable de charge de morbidité comme l’accentuation des maladies chroniques ; à savoir l’asthme, les maladies cardiovasculaires. Il est par ailleurs reconnu depuis 2013 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS que les particules en suspension sont oncogènes.  

Conclusion 

  

L’évolution démographique des villes africaines leur met à l’épreuve de l’assainissement du cadre de vie. L’air extérieur apparait affecté du fait de nos diverses activités ajoutées à la géographie de notre environnement marqué par une forte insolation qui est propice à maintenir sous un vent même de faible vitesse les particules en suspension. L’enveloppe d’air de la plupart de nos villes serait en fait un poison dans lequel nous baignons avec les risques sanitaires que cela représentent.  Face à cela, nos autorités se doivent de prendre conscience en penchant l’oreille vers la sonnette d’alarme des chercheurs sur la question, et en participant activement à la mise sur pied d’un cadre réglementaire fiable pour garantir la santé des personnes. La priorité des performances économique se doit d’être entourée d’éthique car l’économie doit à la fin épanouir l’homme faute de quoi l’État parait se détourner de ses obligations. L’idée étant de faire de l’air pur un bien public de qualité comme l’illustre si bien le Dr Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe selon qui « L’air pur devrait être un droit humain fondamental et une condition nécessaire à la santé et à la productivité des sociétés ».

Valdas Ngomba

VIEW ALL POSTS

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *