Interview Avec Rashida Ferrand, Épidémiologiste Clinique Et Médecin.

R:Ed: Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vous et de ce que vous faites ? 

 

Je m’appelle Rashia Ferrand et je suis médecin par formation. Je me suis spécialisée en VIH et la santé sexuelle et je me suis aussi formée à l’épidémiologie. Je travaille maintenant comme chercheur clinique au Zimbabwe. Je suis professeur à L’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, mais en conséquence de mon travail je vis au Zimbabwe depuis environ vingtaines années. Au Zimbabwe j’ai plusieurs rôles, mais mon rôle le plus grand est diriger un programme de recherche qui est un partenariat entre ma institution employant, L’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, et ma institution locale au Zimbabwe, qui s’appelle l’Institut de recherche et formation biomédicale. Le programme de recherche réalise des types différents de recherche comme des études observationnelles et des tests cliniques, avec l’objectif d’améliorer la santé et d’adresser les problèmes de santé majeurs au Zimbabwe et dans la région. Nous nous concentrons spécifiquement sur certaines spécialités, surtout le VIH, la santé sexuelle et reproductive, la santé adolescence, les maladies chroniques et les complications chroniques de VIH parmi les enfants, la tuberculose, les maladies infectieuses générales, et particulièrement la résistance antimicrobienne. Notre programme consiste d’une centaine de personnel, qui inclut non seulement les gens qui réalisent la recherche (le personnel champs), mais nous avons aussi un grand accent sur la formation dans la recherche, donc nous avons des doctorants, des étudiants à la maîtrise et des étudiants postdoctoraux. Un élément très clé de ce que je fais est d’essayer de renforcer la capacité académique au Zimbabwe. 

 

R:Ed: Qu’est-ce vous a attiré en premier lieu de travailler dans la domaine d’épidémiologie ?

 

Fondamentalement, j’ai commencé ma carrière comme scientiste de laboratoire – j’ai travaillé pendant quelques années sur la immunologie de tuberculose, il y a environ 20 ans, mais j’ai trouvé que je n’étais pas en fait très forte dans ce domaine et qu’il ne m’intéressait pas vraiment. Mais ce qui m’a toujours intéressée est d’approcher la santé publique d’un point de vue basé sur la population. Quand j’étudiais la médecine, je ne me suis pas rendu compte qu’il y avait une domaine spécifique appelée épidémiologie. Mais la santé publique et développer les initiatives de santé, d’une perspective de population, m’ont toujours intéressé. Quand je faisais l’immunologie à l’École de Londres, c’est quand j’ai commencé d’apprécier qu’il y avait une discipline appelée épidémiologie et, donné ma intérêt préexistant, cela m’a attiré de faire un master en épidémiologie et développer un intérêt plus approfondi. Je n’ai jamais débuté avec le désir d’avoir une carrière en recherche, il s’est passé par hasard. Je suis venue au Zimbabwe pour obtenir du travail parce que je suis tombée amoureuse du pays, et puis je me suis rendu compte de la haute importance de mesurer et comprendre la maladie d’un niveau de population. Mais aussi quand j’étais sur les salles, je travaillais avant l’existence d’un traitement pour le VIH, et je voyais beaucoup de gens avec le sida et ceux qui mouraient du sida.. Ce que m’a traversé l’esprit était que, tout en étant médecin adulte, je voyais beaucoup d’enfants plus âgés et adolescents étant admis aux salles adultes avec ce qui semblait comme le VIH avancé. Puis je me demandais si le VIH était vraiment transmis  sexuellement, parce que beaucoup de ces adolescents avaient été malades pendant pratiquement toute la vie. Ensuite cela a soulevé la question : « ça pourrait être que nous voyons les enfants survivant à l’adolescence avec le VIH, même sans traitement ? ». C’ était la grande question pour moi. À ce moment-là, on comprenait que la plupart des enfants qui étaient infectés par leurs mères (par la transmission de mère à enfant) pourraient mourir dans leur petite enfance, c’était la sagesse reçue. Mais elle ne correspondait pas exactement avec l’image clinique que je voyais dans la salle où les adolescents âgés 10 ou 13 entraient avec le VIH. Nous savons que dans les adultes il pourrait être beaucoup d’années avant qu’une personne développe le VIH, donc j’ai supposé que ces enfants avaient l’attrapé il y a longtemps. Donc, il semblait peu probable qu’il aurait été acquis sexuellement. C’est là où mon intérêt précédent dans l’épidémiologie est intervenu, et a causé ma carrière de recherche. 

 

R:Ed: Avez-vous fait face aux défis dans votre domaine de travail, et si c’est le cas, comment les avez-vous surmontés ?

 

Il y a plusieurs défis dans le travail que j’ai fait autour des enfants et des adolescents avec le VIH. Le plus grand défi était qu’il n’y avait guère de reconnaissance parmi les législateurs et les programmeurs et la communauté VIH, en particulier la communauté VIH internationale, qu’on pourrait avoir quelqu’un qui a 17 ans avec le VIH, qui avait l’attrapé de sa mère. Nous le considérons comme acquis de nos jours, mais ce n’était pas le cas il y a environ 20 ans. Ainsi même obtenant une application de bourse pour l’étudier était problématique, car j’étais contesté par des critiques qui supposait que les enfants l’attrapaient seulement par le sang ou par l’abus sexuel. Il n’y avait pas de compréhension que cela se passait à un niveau systématique, qu’une proportion des enfants qui étaient infectés par leur mère survivraient. Le deuxième défi était que, à cause du manque de perception que les enfants peuvent survivre, il y avait très peu d’attention sur tous les enfants dans les programmes de VIH. Si, disons, un enfant de 8 ans est entré avec des choses qui pourraient être suggestives du VIH, des tests ne lui ont pas été offerts. Les programmes de VIH pour les enfants se concentraient largement sur les nourrissons, et sur la prévention de la transmission de mère à enfant. Le troisième issu était que ces enfants avaient des milieux sociaux très difficiles. La grande majorité d’eux avaient une autre petite maladie pendant leur enfance qui n’avait pas été diagnostiquée. Beaucoup d’eux étaient orphelins, ou leurs parents étaient absents, et il n’y avait pas de reconnaissance qu’on devrait examiner tous les enfants de parents qui vivaient avec le VIH. Le fait que de nombreuses étaient orphelins voulait dire qu’ils vivaient avec soit leurs oncles soit leurs tantes, soit leurs beau-pères et belles-mères soit leurs grand-parents. Quelquefois il y avait un manque de soins ou un manque de reconnaissance, et quelquefois on donnait la priorité aux autres enfants dans la famille. Certains avaient, franchement, été mis à la porte de leurs maisons. Il y avait aussi un vrai silence autour du VIH, parce que si vous avez diagnostiqué quelque enfant ça voulait dire que vous avez diagnostiqué la mère avec le VIH en même temps, et cela était une chose très difficile à négocier. Aussi, le chiffre réel d’adultes avec le VIH est tellement plus haut que le nombre d’enfants avec le VIH, que se concentrer sur eux et leurs problèmes sociaux était très difficile. Il y a aussi un quantité de marques d’infamie, qui était particulièrement vrai à ce moment-là. Dans les écoles, même si personne n’en a parlé à voix haute, il y avait des traits tels que les éruptions cutanées ou le fait que ces enfants étaient petits, qui les avaient marqués comme étant positifs du VIH. Personne ne les examinait, mais ils seraient stigmatisés, ils seraient discriminés, ils seraient marqués – et cela était une chose très difficile. Beaucoup d’eux étaient très malades et ils sautaient souvent l’école, ainsi ils étaient mis en danger en matière d’éducation. Il n’y avait pas un seul enfant dans les salles ou je travaillais au Zimbabwe qui avait une histoire simple, et avoir une famille soutenante était souvent l’exception en ce temps là, au lieu de la règle. 

 

R:Ed: Depuis le début de la pandémie de coronavirus, comment a-t-il changé votre travail ?

 

Les conséquences majeurs de la pandémie incluent les confinements, et quelquefois il a été difficile de mettre en œuvre la recherche que nous avons fait dans les communautés. Par exemple, un grand test que nous faisons en ce moment s’appelle le test Chiedza. L’intervention que nous livrons dans le test est un paquet du VIH et les services de santé sexuelle et reproductive. Nous faisons des tests VIH, nous fournissons le traitement, soutien à l’adhésion et puis nous donnons des produits de l’hygiène menstruelle, la contraception, les capotes, la réduction de risque, l’aide psychologique, le planning familial, le traitement essentiel et le dépistage pour les infections sexuellement transmissibles. Comme il y a eu un confinement nous n’avons pas pu sortir dans les communautés pour faire cela très facilement. Le test est conçu spécifiquement pour fournir un environnement très adapté aux adolescents et de faire des activités sociales intégrées, ce qui est difficile à faire quand il y a la distanciation sociale et des confinements. L’autre problème est que nous avons eu à changer la façon dont nous travaillons pour réduire l’infection. En fait, notre taux d’infection a baissé fortement, mais nous avons mis en place beaucoup de mesures qui a pertubé des modèles de travail. Le personnel a été très anxieux d’attraper le virus et ce qui leur arriverait si cela se passait.. À un niveau plus large, j’ai été secondé pour fournir et pour installer une service de traitement du COVID pour le plus grand hôpital du secteur public au Zimbabwe, ainsi j’ai établi le premier service de traitement de COVID l’année dernière et je le dirigeais pendant six mois. Vous pouvez être conscient du système de santé très fragile au Zimbabwe avec les œuvriers en grève, donc nous avons dû trouver un façon d’organiser et diriger le service et voir des patients, particulièrement des patients dans le contexte d’un confinement, quand beaucoup d’eux ne pouvaient pas venir à l’hôpital car il n’y avait pas du transport public. J’ai passé beaucoup de mon temps l’année dernière essayant d’organiser un service qui fonctionne pour gérer les patients du COVID, et avec beaucoup de travail politique et de conseil pour soutenir les efforts nationaux contre le COVID, ainsi cela a pertubé beaucoup mon travail. Et évidemment il y a généralement beaucoup de peur et d’anxiété dans le pays, spécifiquement étant donné que notre système de santé est si faible. 

 

R:Ed: Quel est ton aspect préféré de votre travail ?

 

Zimbabwe est un pays incroyablement beau et très riche en matière de ressources humaines. Je travaille avec une équipe de gens absolument exceptionnelle, ils sont superbe, dynamique, ils se dévouent leurs corps et leurs âmes à leur travail. C’est juste un privilège et c’était ça qui a attiré mon attention de travailler au Zimbabwe, et ce qui m’a gardée ici. Cela, pour moi, est le plus gros avantage. J’ai aussi une cohorte d’ étudiants de doctorants, de maîtres, et de postdoctoral qui sont en train de former d’être des universitaires. Je dois dire que sans exception nous avons un groupe d’étudiants absolument extraordinaire qui font de la recherche de façon préventive et s’attaquent aux problèmes de leur pays. Je n’ai aucun doute que nombreux d’entre eux finiront par devenir chefs de file de la recherche et me mettre hors de mon travail. C’est la deuxième chose la plus merveilleuse de mon travail. La troisième chose vraiment géniale c’est qu’il y a une vraie capacité de changer le monde et voir cet impact immédiatement, que vous ne pouvez voir toujours dans les endroits où il y a des systèmes établis. Par exemple, le service du traitement du COVID s’est produit de rien, et elle a vu des patients et a fait du bien aux patients. Nous sommes allés d’une position où beaucoup de gens pensaient que si on attrapait le COVID, on mourrait, mais maintenant on a établi des endroits où les infectés peuvent aller. À cause de cela, les autres médecins ont grandi en confiance au niveau de traiter le COVID, donc c’est un changement vraiment visible qu’on peut voir dans le travail. Et juste habitant ici en général, c’est un pays vraiment riche en termes de ressources, en termes de personnes, en termes de chaleur et gentillesse. J’ai toujours aimé, et j’aime encore, chaque jour que je travaille ici. Toutes ces choses rendent ma vie et mon travail très riche. 

 

R:Ed: Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut entrer dans la domaine de médecine, ou d’épidémiologie plus spécifiquement? 

 

Je pense que c’est très difficile de savoir ce que vous voulez faire. L’une des choses que je dis aux personnes est que c’est bien d’explorer et prendre un itinéraire détourné. Je ne suis pas arrivée à faire médecine,et puis j’ai décidé que j’ai voulu être épidémiologiste et puis j’ai décidé que j’ai voulu travailler sur le VIH et l’adolescence, il y a eu une route vraiment longue. Certains prennent une route très simple et savent ce qu’ils veulent faire. J’avais une notion vague que je voulais travailler avec les infections et que je voulais travailler travailler dans la domaine de la santé public, mais je ne savais pas vraiment à ce que cela se produirait en termes d’une carrière, je ne savais que je voulais être universitaire, donc c’est bien d’explorer. Je pense que l’exploration vous rend plus mature, et vous permet d’atteindre un niveau fin et granulaire d’où vous voulez arriver. Une chose à dire est que je pense que c’est bien d’avoir une aventure. Quelquefois c’est très effrayant quand vous êtes plus jeune et vous pensez que vous devez être au même niveau d’autres personnes. Nous faisons tous partie d’une très grande course de rats, et un fois que vous avez fini votre diplôme universitaire ou votre licence de médecine, vous êtes programmé pour être sur un tapis roulant. Je me suis dégagé sur le tapis roulant et, pour dire la vérité, j’ai eu une aventure merveilleuse qui est toujours en cours. Donc, pour moi, le plus gros conseil est de suivre votre cœur. La deuxième chose que je dirais est de parler à beaucoup de gens de découvrir où vous voulez aller ou ce que vous voulez faire. Quelquefois, il pourrait prendre du temps, et avoir un conseiller bon ou une bonne personne à qui vous pouvez parler, qui vous écoutera et qui ne va pas ignorer vos idées est vraiment important. Aussi, il est important de développer sa confiance en soi, qui est très difficile quand vous êtes avec des personnes qui avancent dans les voies traditionnelles et qui vont de faire médecine, par exemple, à puis devenir des consultants très vite. Lorsque j’ai fini ma formation clinique, les collègues avec qui j’ai commencé probablement gagnaient deux fois la quantité de l’argent que moi, et ils avaient déjà établi leurs travails et leurs prêts immobiliers. Mais il est important de rester fidèle à vos idées et à ce que vous voulez faire, et cela semble comme un luxe mais quelquefois il peut signifier faire des sacrifices, et je pense que ce point de vue m’a servie très bien. 

 

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